Dans la grande étude postale réalisée en France sur un échantillon représentatif de 10 000 sujets de plus de 50 ans, il apparaît qu’un traitement par aspirine à faible dose concerne 12,2 % des patients (dont 23 % ont plus de 80 ans), soit environ 2,4 millions de Français. L’initiation de ce traitement était réalisée dans 85 % des cas par un cardiologue ou un médecin généraliste. Neuf pour cent des patients recevaient de façon concomitante des AINS, 5 % un autre antiagrégant et 1 % un anticoagulant. L’élément important était la faible proportion de ces malades qui recevaient une gastroprotection par des IPP (23 %), sans différence selon la tranche d’âge. Dans cette même étude, l’auteur a évalué la prévalence et l’impact clinique des symptômes digestifs hauts chez ces patients sous aspirine à faible dose. Parmi ceux traités par aspirine à faible dose, 15 % souffraient de symptômes digestifs hauts, principalement de symptômes de RGO. Le risque était aggravé chez les sujets ayant des antécédents de troubles dyspeptiques. Les symptômes digestifs hauts avaient un impact négatif sur la vie quotidienne chez 3 patients sur 4, ainsi que sur l’observance chez 1 patient sur 10.
Dans une autre étude observationnelle réalisée auprès de 289 médecins généralistes, la prévalence de la coprescription d’une gastroprotection (IPP ou misoprostol) chez les patients traités par AINS a été étudiée. Cette enquête a révélé que parmi les 2 573 patients traités par AINS, 39 % recevaient une gastroprotection. Les patients sous traite traitement gastroprotecteur en l’absence de facteur de risque et de symptômes digestifs représentaient 22 % de l’effectif. À l’inverse, 40 % de ceux traités par AINS et ayant au moins un facteur de risque ne recevaient pas de gastroprotection.
Ces études soulignent encore une fois le besoin d’une information claire transmise aux prescripteurs d’aspirine et d’AINS sur la nécessité d’identifier les sujets à risque de complication digestive et de leur prescrire une prévention adaptée par IPP.
Dr O.Corcos
