Comme toutes les maladies auto-immunes, le lupus érythémateux disséminé relève d'une étiologie multifactorielle où la composante génétique joue certainement un rôle important, mais est difficile à cerner.
Actuellement, l'étude de sous-groupes de malades permet de définir des associations entre traits génétiques, en particulier allèles HLA de classe II, et auto-anticorps.
On imagine que l'expression de certaines molécules du complexe majeur d'histocompatibilité confère, par leur capacité de présentation des peptides antigéniques, la possibilité de produire certains auto-anticorps.
L'étude de jumeaux monozygotes reste un moyen élégant de définir la part génétique gouvernant la survenue d'une maladie.
Pleins feux sur les jumeaux
M. Reichlin et coll. ont pu analyser 7 paires de jumeaux vrais, dont un seul était lupique (dans 4 paires) ou dont les deux étaient atteints (dans 3 paires). La recherche des auto-anticorps antinucléaires a été effectuée chez tous les sujets.
Dans les cas de paires de jumeaux discordants pour l'expression clinique de la maladie, le taux des auto-anticorps était certes plus élevé chez les jumeaux malades, mais dans 3 de ces paires, le profil des auto-anticorps était quasiment identique chez les deux jumeaux (présence d'anticorps anti-Ro/SS-A, La/SS-B, U1RNP et Sm). La même constatation vaut pour les paires de jumeaux concordants.
Il apparaît donc clairement que des facteurs génétiques régulent la production d'auto-anticorps à des niveaux détectables par les techniques de routine. Des événements relevant de l'environnement ou des modifications acquises du système immunitaire (mutations, réarrangements des immunoglobulines, voire du récepteur T pour l'antigène) seraient responsables de la production à taux élevé de ces auto-anticorps et du développement des lésions cliniques.
Jean-Paul Viard
Reichlin M. et coll.: "Serologic studies of monozygotic twins with systemic lupus erythematosus". Arthritis Rheum., 1992 ; 35 : 457-464.
VIARD JEAN-PAUL