Haemophilus influenzae, un germe redoutable à l’épidémiologie évolutive

Une équipe canadienne décrit la distribution des sérotypes et le spectre clinique des infections pédiatriques invasives à Haemophilus influenza (Hi). A partir d’une base nationale des bactériémies,  98 cas de bactériémie à Hi ont été recensés de 2013 à 2017 (64 garcons, 34 filles). L’âge médian était de 12 mois et les sérotypes identifiés étaient : a (32 %), b (9 %), f (13 %), c (1,1 %), e (1,1 %) ; 34  étaient non-typables et 7 non retrouvés.

Les situations cliniques décrites étaient : une bactériémie isolée (19 %), une méningite (30 %), une cellulite  (8 %), une arthrite septique (6 %), une pneumopathie (34 %), une épiglottite (1 %) et une infection endovasculaire (3 %). Une infection compliquée (définie par la nécessité d’une intervention chirurgicale, une défaillance d’organe, l’admission en soins intensifs, des convulsions, un déficit moteur ou sensoriel) est survenue dans 29 cas, avec un décès. Les facteurs associés avec l’infection compliquée étaient : l’âge < 5 ans (p = 0,009), une bactériemie isolée (p = 0,006) et une atteinte neurologique (p < 0,001). Hia était le sérotype majoritaire dans la méningite (55 % ; p = 0,022), Hi non typable dans la pneumonie (56 % ; p = 0,003) et dans l’infection néonatale (n = 5,  80 % ; p = 0,040). A l’heure des vaccins hexavalents actifs contre Hib, le sérotype Hia a émergé comme la cause prédominante des infections à Hi et est fortement associé à la méningite, particulièrement chez les jeunes enfants. Le développement d’un vaccin effectif sur Hia s’avère donc indispensable.

Concernant Hia, et toujours au Canada, 4 infections invasives à Hia survenus dans une communauté isolée en Alaska ont donné lieu à une intervention pour identifier les contacts rapprochés et fournir une prophylaxie par rifampicine. Aucun cas supplémentaire n’est survenu après l’intervention. Les prélèvements de gorge collectés ont montré une différence significative dans la prévalence du portage entre les contacts des cas (n = 4/27, 14,8 %) et l’entourage indirect (n = 7/364, 1,9 %) (p = 0,0043) , mais aussi une prévalence plus importante chez les contacts âgés de moins de 10 ans (n = 11/18 [61,1 %] vs. 3/34 [8,8 %], p = 0,0001).

Dr Muriel Macé

Référence
Frankel C et coll. : Invasive Haemophilus Influenzae disease in Children: A Canadian Multi-Centre Study on Emerging Serotypes. Nolen L et coll. : Response to a Cluster of Haemophilus influenzae Serotype A Cases in a Small Alaska Community, 2018. IDWeek 2019 (Washington) : IDWeek 2019 (Washington) : 2 - 6 octobre 2019.

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Vos réactions (1)

  • Haemophilus influenzae méconnu

    Le 31 décembre 2019

    Où l’on constate la forte prévalence des formes non serotypable dans les pneumopathies et donc l’intérêt très médiocre des vaccinations anti HI proposées en cas de déficit immunitaire acquis ou induit par les thérapeutiques.
    Cette étude porte sur une population pédiatrique mais serait largement similaire dans une population adulte.
    Dommage pour une pratique généraliste plus quotidienne de ne pas avoir le même échantillon pour les pus d’otite.

    Dr Jean-François Perrocheau

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