
Londres, le samedi 16 décembre 2023 - Une enquête du Times rapporte les inquiétudes des médecins britanniques quant à la nomination par Charles III du Dr Michael Dixon à la tête de la « Royal Medical Household », une unité responsable de la santé du monarque et de la famille royale. Ce praticien de 71 ans est en effet un soutien des médecines alternatives et un fervent défenseur de l'homéopathie. L'enquête du Times évoque également des incertitudes quant au CV de Michael Dixon, lequel assure avoir tenu différents rôles au sein des universités UCL, Exeter et Birmingham sans qu’aucune de ces institutions n'ait pu le confirmer auprès du prestigieux quotidien britannique.
Le journal note néanmoins qu'il a bien exercé comme médecin au sein du National Health Service (NHS) où il aurait manifesté son intérêt pour les « pseudo-médecines ». Michael Dixon a ainsi rédigé des articles sur l'efficacité des guérisseurs ou a laissé entendre que des cures d'herbes indiennes pourraient tuer les cellules cancéreuses.
« Quiconque promeut l'homéopathie, discrédite la médecine basée sur des preuves et la pensée rationnelle » fulmine, entre autres, Edzard Ernst, professeur émérite à l'Université d'Exeter, dans les colonnes du Guardian. « En ce qui concerne les soins médicaux, le monarque semble souvent favorable à des gens qui promeuvent des thérapies douteuses » s’inquiète-t-il.
Le Palais de Buckingham a réagi et un porte-parole a affirmé « le Dr Dixon ne croit pas que l'homéopathie peut guérir le cancer. Sa position, c'est que des thérapies complémentaires peuvent accompagner les traitements conventionnels à condition qu'elles soient sans danger, appropriées et basées sur des preuves. »
L’homéopathie se transmet par primogéniture
Rappelons que le Roi Charles III est aussi un fervent défenseur de la « biodynamie » une branche de l’anthroposophie et d’autres médecines alternatives.
A l’occasion d’un Congrès international de biodynamie organisé par l'Ecole libre de science de l'esprit, Charles III avait fustigé, en tant qu’invité d’honneur, la pensée « scientifique réductionniste » et la « science basée sur les preuves »…Dans son livre Harmony : A New Vision for the World (2010), il se disait même « fier d’être considéré comme un ennemi des Lumières ».
En 1982, le prince de Galles avait été élu à la présidence d’honneur de la British Medical Association. Dans son discours d’ouverture, il avait attaqué la « médecine moderne » et fait l’éloge des guérisseurs qui « s’intéressent non seulement au corps, mais aussi à l’esprit, à l’environnement et à la relation du patient au cosmos ». Il s’engagera ensuite avec succès dans la bataille pour la reconnaissance de l’ostéopathie et de la chiropraxie et favorisera la mise en place de fonds de promotion de la « santé intégrative », qui vise à faire admettre des thérapies alternatives par le NHS.
Soulignons que le goût pour l’homéopathie tiendrait de famille, puisque depuis l’origine cette médecine a sa place à la Cour. Elizabeth II et la reine-mère avaient ainsi un homéopathe attitré.
F.H.