Le traitement des fistules anales repose sur les techniques de fistulotomie. Cependant, elles s’avèrent parfois difficiles à envisager en raison du risque de trouble séquellaire de la continence. C’est la raison pour laquelle des alternatives sont activement recherchées. Parmi celles-ci, l’injection de colle biologique (figure) et la mise en place d’une prothèse biodégradable dans le trajet fistuleux sont des techniques « dans le vent » (et en termes d’incontinence anale, ça n’est pas rien).
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Injection de colle biologique dans une fistule anale. |
Les colles actuellement commercialisées sont constituées de
fibrinogène humain et d’aprotinine bovine mis en contact avec de la
thrombine humaine au moment de l’injection. La prothèse
biodégradable (ou « plug » des Anglo-Saxons) est fabriquée à partir
de sous-muqueuse de porc lyophilisée. Dans les deux cas,
l’obturation du trajet se ferait via la formation d’un réseau de
fibrine adhérent, secondairement colonisé par les fibroblastes du
patient « receveur ».
Pas moins de quatre équipes (Hôpital Saint-Antoine et des
Diaconesses à Paris, Hôpital Nord à Marseille et le CHRU
Pontchaillou à Rennes) ont rapporté leur expérience de ces
produits. La plupart des opérateurs ont travaillé sous anesthésie
au bloc opératoire. Seule exception notable (et un peu «
dérangeante » pour tout proctologue un peu « dogmatique »), les
Marseillais ont injecté la colle par voie transcutanée
périnéale.
Les résultats, résumés dans le tableau ci-dessus, ne sont pas mirobolants puisque moins de la moitié des fistules se sont obturées de façon durable.
En bref, on peut être déçu par l’efficacité limitée de ces techniques d’épargne sphinctérienne. Toutefois, nous pensons qu’elles restent une option raisonnable car, outre le fait qu’elles préservent l’appareil sphinctérien, elles ont pour avantages d’être simples à mettre en œuvre, peu contraignantes, bien tolérées et, en cas d’échec, de ne pas compromettre l’efficacité d’un traitement ultérieur. En revanche, si nous persistons à utiliser ces produits, il conviendra alors de déterminer leurs indications respectives. En particulier, la prothèse biodégradable semble être plus adaptée aux trajets fistuleux larges, mais son prix de 700 e fait un peu tousser les pharmaciens d’hôpitaux.
Drs V.de Parades et J.-D.Zeitoun