
Dépister, mais pourquoi ?
Pourquoi est-il important de repérer le HPI ? Pour le Dr
Olivier Revol, l’intérêt principal est de « donner du sens »
: l’enfant qui souffre de troubles du sommeil, de l’alimentation,
des relations sociales, des apprentissages ou de la régulation
émotionnelle comprendra alors les raisons de ces troubles et cela
lui sera bénéfique. Il s’agit aussi d’anticiper, quand tout
va bien, sur des troubles qui peuvent apparaître au cours de la
scolarité et notamment à l’adolescence.
Des profils neuro-développementaux et psycho-affectifs particuliers
Si la plupart des enfants à HPI vont très bien, ils présentent
un profil neuro-développemental spécifique. La fixation du regard
précoce étonne souvent les parents, le tonus, le pointage, le
langage sont acquis précocement, et l’enfant maîtrise la métaphore
et l’ironie dès 7 ans, ce qui peut le mettre en « décalage »
avec les autres enfants. Cela correspond à un fonctionnement
cérébral particulier, caractérisé par une meilleure transmission
inter et intra-hémisphériques et une meilleure connectivité.
Mais les enfants à HPI ont aussi un profil psycho-affectif
particulier, faisant preuve d’intérêt, de curiosité, de contrôle et
d’empathie. L’acuité visuelle et la sensibilité des divers sens
sont exagérées, ce qu’illustre bien la phrase de Flaubert citée par
le Dr Revol : « Je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui
érafle les autres me déchire ». La misophonie n’est pas rare
(expériences négatives telles que colère, haine, dégoût,
déclenchées par des sons normaux). Les enfants à HPI possèdent un
équipement cognitif et affectif très performant, avec une lucidité
impressionnante, mais ils sont aussi victimes d’ennui et
d’indécision. Quand les émotions se transforment en sensations, ils
ressentent alors des angoisses existentielles, avec peur de la
mort, ressenti de l’absurdité de la société ou questionnement sur
le sens de la vie.
Si les indices s’accumulent et qu’il existe un impact
familial, scolaire et/ou social, le repérage devient indispensable.
Il faut y penser lorsque le fonctionnement affectif complique la
vie, quand un enfant intelligent échoue à l’école (le haut
potentiel masque les autres profils cognitifs) ou quand une fille
sans problème apparent décroche brutalement.
Dr Roseline Péluchon