Haut Potentiel Intellectuel : dépister pour donner un sens

Il est difficile de définir en un mot les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI). Tour à tour appelés « précoces », « surdoués » ou encore EIP (enfants intellectuellement précoces), ils associent 3 caractéristiques : la précocité intellectuelle (QI > 130), une insistance à se débrouiller seuls et la rage de maîtriser.

Dépister, mais pourquoi ?

Pourquoi est-il important de repérer le HPI ? Pour le Dr Olivier Revol, l’intérêt principal est de « donner du sens » : l’enfant qui souffre de troubles du sommeil, de l’alimentation, des relations sociales, des apprentissages ou de la régulation émotionnelle comprendra alors les raisons de ces troubles et cela lui sera bénéfique.  Il s’agit aussi d’anticiper, quand tout va bien, sur des troubles qui peuvent apparaître au cours de la scolarité et notamment à l’adolescence.

L’entrée à l’école agit souvent comme un révélateur et il est intéressant d’écouter les parents à ce sujet : « il ne respecte pas les consignes », « elle bouillonne d’idées », « l’école ne semble pas faite pour lui » ou encore « il se pose plein de questions qui ne sont pas de son âge ». A ce propos, une grille de repérage en 21 items va être mise à disposition des enseignants pour le repérage à l’école d’un enfant à HPI (Inventaire de l’identification de l’enfant précoce de Jean-Charles Terrassier).

Des profils neuro-développementaux et psycho-affectifs particuliers

Si la plupart des enfants à HPI vont très bien, ils présentent un profil neuro-développemental spécifique. La fixation du regard précoce étonne souvent les parents, le tonus, le pointage, le langage sont acquis précocement, et l’enfant maîtrise la métaphore et l’ironie dès 7 ans, ce qui peut le mettre en « décalage » avec les autres enfants. Cela correspond à un fonctionnement cérébral particulier, caractérisé par une meilleure transmission inter et intra-hémisphériques et une meilleure connectivité.

Mais les enfants à HPI ont aussi un profil psycho-affectif particulier, faisant preuve d’intérêt, de curiosité, de contrôle et d’empathie. L’acuité visuelle et la sensibilité des divers sens sont exagérées, ce qu’illustre bien la phrase de Flaubert citée par le Dr Revol : « Je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire ». La misophonie n’est pas rare (expériences négatives telles que colère, haine, dégoût, déclenchées par des sons normaux). Les enfants à HPI possèdent un équipement cognitif et affectif très performant, avec une lucidité impressionnante, mais ils sont aussi victimes d’ennui et d’indécision. Quand les émotions se transforment en sensations, ils ressentent alors des angoisses existentielles, avec peur de la mort, ressenti de l’absurdité de la société ou questionnement sur le sens de la vie.

Si les indices s’accumulent et qu’il existe un impact familial, scolaire et/ou social, le repérage devient indispensable. Il faut y penser lorsque le fonctionnement affectif complique la vie, quand un enfant intelligent échoue à l’école (le haut potentiel masque les autres profils cognitifs) ou quand une fille sans problème apparent décroche brutalement.

Pour le Dr Revol, le dépistage est une question de reconnaissance. « Non identifié, le HPI peut être un handicap, bien compris il devient une force. »

Dr Roseline Péluchon

Références
Dr Olivier Revol : Dépistage d’un Haut Potentiel Intellectuel : place du médecin. 21èmes Journées Interactives de Réalités Pédiatriques. Du 10-11 septembre 2020 (Bordeaux).

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article