Les hémorragies cérébrales (périventriculaire-intraventriculaires) sont une complication connue chez le nouveau-né issu d'un accouchement prématuré. Les facteurs impliqués dans la pathogénie des hémorragies cérébrales néonatales sont des fluctuations de la pression sanguine ou du débit sanguin cérébral chez le ftus. Or, les bêta-mimétiques utilisés lors des menaces d'accouchement prématuré traversent la barrière placentaire et peuvent entraîner des augmentations de la pression sanguine ou du débit sanguin cérébral.
Ils pourraient ainsi accroître le risque d'hémorragies cérébrales néonatales.
Une étude sur 2 827 enfants
Une étude rétrospective a évalué le taux d'hémorragies périventriculaire-intraventriculaires chez des nouveau-nés de femmes ayant reçu des bêta-mimétiques en raison de la survenue d'un travail prématuré, et une comparaison a été effectuée avec les nouveau-nés d'un groupe témoin de femmes n'ayant pas bénéficié de ce traitement.
Issus d'une population initiale de 32 982 femmes, 2 827 enfants nés entre 25 et 36 semaines de gestation ont été étudiés. Ces enfants étaient issus de grossesses monoftales et sont venus au monde après un travail prématuré spontané ou une rupture prématurée des membranes.
Cent cinquante-sept ont présenté une hémorragie cérébrale (48 au stade 3 ou 4). Six cent vingt-trois ont eu un syndrome de détresse respiratoire néonatale (DRN), 151 une infection et 535 une détresse ftale au cours du travail.
Sur les 157 enfants ayant présenté une hémorragie cérébrale, 30 avaient reçu des bêta-mimétiques, 113 ont eu une DRN et 38 une infection.
Des résultats difficilement interprétables
Il a ainsi été montré, en l'absence d'ajustement pour les différentes variables, une multiplication par 4 de 1'incidence des hémorragies cérébrales après traitement par les bêta-mimétiques, quel que soit l'âge gestationnel.
De même, après analyse de régression mulfactorielle tenant compte de la race, du sexe, de l'âge gestationnel, du poids de naissance, de la détresse au cours du travail, du centre de soins, du mode de naissance, de l'existence d'une DRN ou d'une infection, une augmentation statistiquement significative du simple au double de 1'incidence des hémorragies cérébrales a été retrouvée après utilisation des bêta-mimétiques.
Une hypothèse physiopathologique
Les bêta-mimétiques entraînent chez le ftus une augmentation du débit sanguin aortique avec un accroissement du débit cardiaque ftal, impliquant soit une redistribution du débit dans la partie supérieure du corps, soit une augmentation de la pression ventriculaire gauche pendant la systole. Bien qu'une autorégulation de la pression et du débit existe déjà chez le ftus, le cerveau ftal, immature, n'est pas protégé contre des variations aiguës importantes de pression sanguine, ce qui pourrait constituer une explication physiopathologique d'une éventuelle augmentation d'hémorragies cérébrales néonatales.
Mais toutes ces considérations ne sont pour l'instant que des conjectures, et d'autres études sur le sujet, pouvant éventuellement aboutir à des résultats plus convaincants, s'avèrent certainement nécessaires.
Nicole Triadou
Groome L.J. et coll. : "Neonatal periventricular-intraventricular hemorrhage after maternal -Bêta-sympathomimetic tocolysis". Am. J. Obstet. Gynecol., 1992 ; 167 : 873-879.
TRIADOU NICOLE