Hépatites médicamenteuses en pédiatrie en dehors du paracétamol

Dresde – ESPGHAN. Les hépatites médicamenteuses de l’enfant sont souvent dues au paracétamol, dont la toxicité hépatique à dose supra-thérapeutique est connue et qui entraîne alors une atteinte cytolytique souvent associée à une insuffisance rénale aiguë. D’autres médicaments peuvent être à l’origine d’une hépatite iatrogénique, cytolytique ou cholestatique.

Voici une étude rétrospective des données d’un centre pédiatrique londonien spécialisé dans les maladies du foie. Sur une période de 16 ans, 22 patients ont été pris en charge pour une hépatite médicamenteuse non due au paracétamol. Ces enfants avaient entre 0,9 et 15,6 ans au moment du diagnostic. Le diagnostic reposait sur la notion confirmée de prise médicamenteuse, sur un résultat anatomo-pathologique compatible (quand il était disponible) et sur l’exclusion de toute autre pathologie hépatique (virale, biliaire, anoxique…). Les données recueillies étaient également confrontées à un tableau d’aide au diagnostic.

Les médicaments en cause comprenaient des anti-tuberculeux (5 cas), des anti-épileptiques (n=4), des antibiotiques (n=3), des anti-acnéiques (n=3), des AINS (n=2) et 5 autres produits. Sur 22 patients, 12 avaient présenté un ictère (groupe 1) et 10 des anomalies biologiques à l'occasion d'un bilan sanguin de surveillance (groupe 2). Les valeurs médianes de la bilirubinémie atteignaient respectivement 169 et 11 mmol/l dans les groupes avec et sans ictère et les transaminases ASAT, 439 et 118 UI. Douze patients avaient une histologie hépatique compatible avec le diagnostic d'hépatite médicamenteuse ; chez les 10 autres, le bilan hépatique s’étant normalisé, il n’avait pas été pratiqué de ponction-biopsie.

Dix-neuf enfants se sont améliorés sous traitement symptomatique, avec normalisation de la fonction hépatique après arrêt du médicament en cause. Le délai médian de normalisation de la bilirubinémie dans le groupe avec ictère initial était égal à 35 jours (5 à 365). Dans le groupe sans ictère, le délai de normalisation des transaminases ASAT était de 18 jours (entre 10 et 365). Deux enfants qui avaient présenté une insuffisance hépatique aiguë ont du être transplantés : l’un avait reçu de l’isoniazide et l’autre une bithérapie isoniazide-rifampicine. Dans les 2 cas, étaient apparus un ictère et une encéphalopathie. Enfin un enfant est décédé sans avoir pu bénéficier d'une greffe hépatique.

En dehors du paracétamol, les hépatites médicamenteuse sont rares chez l’enfant et de diagnostic difficile. Le pronostic est habituellement bon sauf dans les cas d’insuffisance hépatique aiguë. L’utilisation d’un outil de diagnostic validé chez l’adulte n’a pas été probante avec une reproductibilité incomplète dans cette cohorte d’enfants. En effet, il indiquait 3 hépatites médicamenteuses probables, 18 possibles et 1 improbable, mais aucune hépatite certaine.

Dr Odile Biechler

Référence
Kiparissi F et coll. : « Drug induced liver injury in children (non-paracétamol)- Experience in a tertiary referral center. » 39 th annual meeting of European Society of Pediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition (Dresde, Allemagne) : 7-10 juin 2006.

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