
Lausanne, le samedi 10 mars 2018 – Le rôle joué par les nouvelles technologies sur les lieux de catastrophes est bien documenté. Cependant, certaines méthodes anciennes apparaissent irremplaçables : un simple couteau suisse, grâce à ses nombreuses possibilités, demeure un objet fort utile dans une zone dévastée. Les principaux atouts du couteau suisse, outre la diversité des actions qu’il permet, sont sa maniabilité, sa petitesse, sa légèreté, son autonomie, son faible coût et sa robustesse. S’inspirant de cet outil phare, une équipe de l’Ecole polytechnique francophone de Lausanne (EFPL) a imaginé un robot qui présenterait tout autant de qualités.
Origami
Tribot (nom qui provient de la conjonction entre "tri" qui fait référence à ses trois pattes et "bot" comme robot) n’a pas à rougir face à son illustre modèle. Sa maniabilité mime le couteau suisse : les trois pattes de Tribot, qui lui valent la désignation de « robot origami » par l’EPFL, peuvent se replier offrant à Tribot une configuration plate et une configuration dépliée. Petit, Tribot tient effectivement dans la paume de la main où sa très grande légèreté se confirme. Qui dit robot, dit nécessairement énergie, ce qui représente un bémol par rapport au couteau suisse. Cependant, cette "faille" reste limitée, puisque sa consommation ne dépasse pas celle d’une lampe LED basique (moins d’un watt de puissance). Sans doute pas aussi avantageux financièrement qu’un véritable couteau suisse, Tribot répond néanmoins à des exigences économiques. Ses concepteurs, au sein de l’équipe du Reconfigurable Robotics Laboratory, ont en effet développé une « méthode de conception systématique ». Or, une production de masse contribuera à diminuer les coûts de fabrication. Enfin, la robustesse de Tribot est assurée par le choix des matériaux.
Idéal dans les situations où le poids et la taille sont des contraintes
Il ne suffit cependant pas d’imiter les caractéristiques du
couteau suisse pour être un couteau suisse, encore faut-il rendre
des services multiples et utiles. Capable de ramper, rouler et de
sauter pour franchir des obstacles (« un prototype peut même
faire des bonds en série de 25 centimètres, soit sept fois sa
taille »), Tribot pourrait facilement atteindre des zones
particulièrement difficiles d’accès et émettre différents signaux.
« Des Tribots pourraient être lâchés du ciel par centaine
au-dessus de zones reculées où ils pourraient atteindre, grâce à
leur trois modes de locomotion, des lieux inaccessibles à d’autres
robots plus gros et plus chers. Ne pesant que quelques grammes,
c’est le robot idéal dans les situations où le poids est une
contrainte » détaille Jamie Paik, directrice du Reconfigurable
Robotics Laboratory. Alors que les derniers développements de
Tribots, notamment son éligibilité parmi les « robots
imprimables » viennent d’être présentés dans la revue IEE
Transactions on Robotics, Zhenishbek Zhakypov complète : « Ces
développements marquent une étape importante dans la réalisation de
"millirobots" autonomes, à batterie et tout-terrains qui pourraient
aider dans les situations à risque à observer et explorer divers
environnements ».
Aurélie Haroche