Hier, déjà

Paris, le samedi 5 janvier 2013 – Il est des matins où l’on voudrait ne plus faire partie de son époque. On sait bien sûr que la liberté d’aujourd’hui (dans nos pays occidentaux) n’a pas de prix et on se connaît assez bien pour savoir que de retour aux temps ancestraux on se sentirait bien vite orphelin de nos nouvelles technologies. Mais, sans se raisonner, il est des matins où l’on voudrait pouvoir remonter le temps et explorer les mirages du passé. Alors, on s’échappe au Musée Guimet à Paris où pour quelques jours encore céramiques, tableaux et sculptures vous proposent de goûter la saveur d’une boisson millénaire « le thé ». Toutes les époques de ce breuvage qui était celui de l’éveil, quand le vin était celui de l’ivresse sont retracées. « Toute l’antiquité chinoise est axée sur le vin, le thé arrive par le bouddhisme. De là naît une confrontation entre le monde des lettrés qui aiment l’ivresse et celui de la sérénité » explique Jean-Paul Desroches commissaire de l’exposition cité par l’Express. Ainsi, découvrir le thé, c’est entrer dans une civilisation, c’est entendre ses démons, ses transformations. On y découvre notamment comment le thé fut d’abord une boisson thérapeutique afin de devenir une substance essentielle.

L’œil des enfants de Renoir

Mais quittons l’âge du « thé battu » (Song 960-1279) pour faire un bon de mille ans jusqu’au début du siècle dernier. C’est encore une histoire de civilisation. C’est encore une histoire de couleurs. Un vieux monsieur qui mène un combat quotidien contre les douleurs de la polyarthrite rhumatoïde et qui offre au monde ses plus belles toiles. Renoir est un héros de cinéma cette semaine, sous les traits d’un Michel Bouquet plus présent que jamais sur les écrans comme au théâtre. Pour parler de son personnage, interrogé par le journal local Paris Normandie, il se montre admiratif : « On n’a jamais peint les enfants comme il l’a fait, leurs attitudes, l’œil… C’est inouï ».

Les garçons démolis de Philip Roth

A-t-on jamais écrit la vie américaine, la vie de Newark en 1944 comme le fait Philip Roth, dans son dernier opus « Némésis » ? Si le roman a déçu certains critiques et ne s’inscrira peut-être pas parmi les incontournables du génial romancier américain, on y retrouve une description toujours aussi saisissante de l’histoire, avec un petit et un grand h, de l’Amérique. La force de Philip Roth tient également à la complexité de ses personnages, à sa capacité à nous faire toucher leurs contradictions, leurs interrogations et ce qu’ils sont. Nous suivons Eugène Cantor, jeune diplômé, qui anime un camp d’été et qui va être confronté à une épidémie ravageuse de poliomyélite. Se sentant responsable de la contamination d’un jeune garçon, Cantor, lui-même atteint, s’enfermera dans une profonde culpabilité. « Il n’y a rien de plus difficile à sauver qu’un garçon démoli », écrit Roth.

Le garçon qui vivait dans son monde

C’est une phrase qui pourrait coller parfaitement à Charlie, le héros du film « Le Monde de Charlie », notre dernier saut dans le temps, jusqu’au début des années 90. Ce jeune adolescent fragile, après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, va découvrir l’amour, l’amitié et les tremblements du temps. Rien de très original si ce n’est un joli conte sur l’intensité éphémère de ces mois d’adolescence, la difficulté d’imposer ses différences, les ennuis d’une petite banlieue américaine. « Dès qu’on a eu 16 ans, on ne savait plus ce que c’était que d’avoir quinze ans » murmurent les héros. C’est aussi cela voyager dans le temps.

Aurélie Haroche

Références
Exposition : « Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire », Musée Guimet, 6, place d’Iéna, 75116 Paris, jusqu’au 28 janvier 2013.
Film : « Renoir », de Gilles Bourdos, sortie le 2 janvier, 1 h 51.
Livre : « Némésis », de Philip Roth, Gallimard, 18 euros, 304 pages.
Film : « Le Monde de Charlie », de Stephen Chbosky, sortie le 2 janvier, 1 h 43.

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