Dresde – ESPGHAN. Une bonne connaissance de la prévalence et de l’histoire naturelle du reflux gastro-oesophagien de l’enfant permet au praticien d’optimiser la prise en charge des patients et de conseiller au mieux les parents. Les travaux sur ce sujet ne sont pourtant pas légion. D’où l’intérêt du travail de cette équipe de pédiatres italiens qui s’est penchée sur l’évolution des régurgitations chez l’enfant au cours des 2 premières années d’existence.
Après sélection aléatoire de 44 pédiatres exerçant dans le cadre du service public dans 4 régions d’Italie, un questionnaire détaillé leur a été adressé. Il s’agissait d’une évaluation des régurgitations de tous les enfants vus consécutivement à leur cabinet pendant une période de 3 mois et présentant les critères de Rome II. Un total de 1 976 sujets âgés de 0 à 12 mois a ainsi été prospectivement inclus et le suivi a été effectué à 6, 12, 18 et 24 mois.
Les régurgitations affectaient 220 enfants (dont 100 filles), soit 11,1 % de l’échantillon étudié et 24 d’entre eux présentaient aussi des vomissements, soit 10,9 % des sujets régurgiteurs. Le score moyen au questionnaire sur le reflux oesophagien chez l’enfant (I-GERQ) était égal à 7,7. Le suivi a pu être effectif chez 139 sujets : les régurgitations ont disparu dans 26 % des cas à 6 mois, dans 54 % des cas à 12 mois et dans 20 % des cas à 24 mois. Un seul enfant (0,72 %) a développé un reflux gastro-oesophagien avec oesophagite endoscopiquement et histologiquement prouvée. Chez un autre, une allergie aux protéines du lait de vache a été mise en évidence. Enfin, le score du questionnaire I-GERQ s’est normalisé en 8,2 mois en moyenne en cas d’allaitement maternel et en 9,6 mois en cas d’allaitement artificiel.
Dans cette population de jeunes enfants italiens, les régurgitations atteignaient une fréquence supérieure à 10 % mais elles n’ont évolué vers un véritable reflux gastro-oesophagien que dans moins de 1 % des cas. A 12 mois, 80 % des enfants ne présentaient plus de régurgitations et l’allaitement maternel était associé à une normalisation plus rapide de la symptomatologie digestive. Ces données permettent de rassurer les parents trop anxieux devant les régurgitations de leur enfant.
Dr Odile Biechler
