Histoires scientifiques et belges

Paris, le samedi 9 février 2013 - Le récit trépidant de l'authentification des restes du roi Richard III retrouvés dans les ruines d'une chapelle sous un parking (voir notre Insolite de la semaine) nous rappelle combien la médecine peut être passionnante lorsqu'elle s'allie à l'archéologie et à l'histoire. Ce n'est pas le docteur Pierre-Louis Choukron qui pourrait nous contredire. Cet ancien interne des hôpitaux de Paris, spécialiste de chirurgie générale, viscérale et vasculaire est également passionné par l'histoire de la chirurgie. Servi par une très belle iconographie, son livre « La chirurgie, du silex à nos jours » permet une redécouverte minutieuse des fondements de cette discipline jusqu'à son extrême perfectionnement aujourd'hui.

En ordre de bataille

Cette passionnante chronologie n'omet pas de rappeler qu’au XIXème siècle, l’essor de la chirurgie fut possible grâce aux découvertes fondamentales de Semmelweis, Lister et Pasteur sur l’asepsie. L’ombre tutélaire de Pasteur est devenue il y a quelques mois une construction littéraire sous la plume de Patrick Deville, dans « Peste & Choléra » qui signait une vie romancée de Yersin. Au-delà de la fiction, Annick Perrot, conservateur honoraire du musée Pasteur et Maxime Schwartz biologiste moléculaire et ancien directeur de l’Institut Pasteur racontent dans « Pasteur et ses lieutenants. Roux, Yersin et les autres » les combats de cette équipe de chevaliers, de véritables guerriers au service de la science et de la lutte contre l’invisible. A l’instar du Prix Nobel François Jacob cité par l’Express, les deux auteurs dessinent l’équipe de Pasteur sous les traits d’une armée, volant de victoire en victoire. « Il y avait du Napoléon dans la manière de toujours prendre l’initiative, de changer brusquement de terrain, d’apparaître là ou on ne l’attendait pas, de concentrer soudain ses forces dans un secteur étroit, jusqu’à la rupture, d’exploiter le succès, d’en tirer les conséquences et même de faire sa propre publicité ou de convaincre les autres de se plier à ses propres vues » écrivait François Jacob. Annick Perrot et Maxime Schwartz, d’une plume alerte et vivante qui passe parfois par la première personne du singulier, nous racontent cette conquête contre la rage, la peste ou encore le tétanos.

Désordre de la guerre

C’est aussi une guerre, mais une guerre sans victoires, une guerre sans raison que nous raconte « Le bruit des os qui craquent » de Suzanne Lebeau sur la scène du Théâtre de Poche à Bruxelles. Dans cette pièce mise en scène par Roland Mahauden et initialement créée au Théâtre Studio de la Comédie Française en 2010, est évoqué le calvaire des enfants soldats. Elikia, enlevée à sa famille à l’âge de 10 ans, transformée en enfant soldat et morte du Sida à 15 ans aura tenté au cours de cette vie toute entière marquée par l’horreur de suivre au moins une lumière en sauvant le petit Joseph, enfant soldat aussi, menacé d’avoir les bras coupés. Son parcours, Elikia le raconte dans son journal, mais il est également dit par Angelina, l’infirmière, qui fait le récit de cette vie détruite, cette vie si sombre à une commission d’enquête internationale invisible. L’enchevêtrement des deux histoires, grâce à une mise en abîme, permet une réflexion sur la valeur des témoignages, notamment les témoignages littéraires sur les bruits de ce monde.

Lutte contre soi-même

Toujours à Bruxelles, la violence, l’amputation, le marquage des enfants d’Afrique sont également évoqués à la Gare du Nord. Alors qu’était organisée ce mercredi 6 février la journée internationale contre l’excision, le groupement belge qui lutte contre les mutilations génitales (GAMS Belgique) et l’association la Boîte à images proposent une exposition de photographies dressant le portrait d’une trentaine de personnes qui en Afrique, après avoir souvent pratiquées elles-mêmes l’excision, tentent aujourd’hui de faire reculer cette pratique.  Leur « façon de dire non » pour reprendre le titre de cette manifestation.

 

Livres :
« L’histoire de la chirurgie : du silex à nos jours », de Pierre-Louis Choukroun, éditions Dauphin, 215 pages, 28 euros.

« Pasteur et ses lieutenants. Roux, Yersin et les autres » de Annick Perrot et Maxime Schwartz, éditions Odile Jacob, 272 pages, 24,90 euros.

Théâtre :
« Le bruit des os qui craquent », spectacle de Suzanne Lebeau, Théâtre de Poche, Chemin du Gymnase 1a, 1000 Bruxelles, Belgique, du 31 janvier au 16 février.

Exposition :
« Excision, ma façon de dire non », du 6 au 20 février, 1030 Schaerbeek, Bruxelles.

Aurélie Haroche

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