Homo oblitus*

Paris, le samedi 11 juillet 2015 – Reprenant le flambeau de ses illustres ancêtres erectus ou habilis, l’homme du XXIe siècle semble opérer une nouvelle évolution de l’espèce et serait en passe de devenir homo oblitus.

C’est ce que démontrerait une enquête réalisée en ligne auprès de 10 000 personnes âgées de 16 ans et plus et publiée le 1er juillet dernier par Kaspersky lab (une société spécialisée dans la sécurité des systèmes d’informations).

Ce qui reste quand on a tout oublié

L'étude met en lumière l'existence de « l'amnésie numérique » définie comme « l’oubli d'informations confiées à un appareil numérique qui les stocke et les mémorise pour vous » parmi toutes les tranches d'âges et répartie uniformément entre les sexes. 

La majorité des "français connectés" ne connaissent ainsi pas par cœur des numéros de téléphone qui étaient mémorisés aisément auparavant, tels que celui de leurs enfants (58 %), de l’école de ces derniers (89 %), de leur propre lieu de travail (51 %),  de leur conjoint (34 %)... alors que 52 % se rappellent de celui du domicile où ils vivaient à l'adolescence (au bon vieux temps, donc).

Ce phénomène est à rapprocher du précédemment décrit "effet Google" qui affaiblit la mémoire à force de recourir à Internet pour trouver rapidement des informations.

De l’amnésie numérique à la dépression 2.0

« Notre incapacité croissante à nous souvenir des numéros importants parce qu'ils sont justes à un clic de distance nous laisse extrêmement vulnérables dans le cas où le dispositif est perdu ou volé, ou les données compromises », notent les auteurs. Ainsi, s'ils perdaient l’accès à leurs répertoires ou à leurs photographies enregistrées sur Smartphone ou tablette, nombreux sont ceux qui déclarent qu'ils ressentiraient un état de panique, et cette tendance est davantage marquée chez les femmes, dont 20 % avouent qu’elles seraient "catastrophées" et 38 % qu’elles seraient "submergées par la tristesse".

Une angoisse compréhensible quand on sait que 71,9 % des sondés affirment utiliser Internet comme une extension de leur cerveau, ce chiffre dépassant les 83 % chez les jeunes de 16 à 24 ans.

Rassurons-nous en nous rappelant, que, déjà, dans Phèdre de Platon, Socrate craignait que les écrits amputent la mémoire…

 

*l’homme oublieux

Frédéric Haroche

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