L’incidence du cancer du canal anal a augmenté de 2 % par an ces
dix dernières années. Les papillomavirus humains à haut risque (HPV
HR) sont les principaux agents responsables de ce cancer, avec une
nette prédominance du type 16. L'infection concomitante par le VIH
est le principal facteur de risque. Qu’en est-il du portage d’HPV
en population générale ?
Des investigateurs ont recherché le virus dans le canal anal des
patients devant avoir une coloscopie sous anesthésie générale dans
un service hospitalo-universitaire. Deux frottis par patient ont
été réalisés.
Dans cette cohorte de 62 patients non infectés par le VIH (60 % d'hommes, 40 % de femmes), on note une prévalence du portage d’HPV de 19 % (13 % chez les hommes, et 29 % chez les femmes), de 16 % pour les HPV HR ; le génotype 16 était prédominant. Le plus souvent, plusieurs génotypes étaient associés ; les femmes constituaient 70 % des porteurs d'un ou plusieurs HPV HR du canal anal. Dans les échantillons infectés par HPV HR 16, les charges virales étaient faibles (60 à 120 copies/1000 cellules) et l'ADN d'HPV n'était pas intégré dans le génome cellulaire. L'analyse cytologique des frottis a révélé peu d'anomalies, même dans les prélèvements positifs pour HPV. Des données préliminaires montrent que les porteurs d’HPV HR sont positifs pour l’immuno marquage p16/Ki67.
Ainsi, dans cette étude, HPV colonise le canal anal d’une personne sur cinq. Les charges virales sont faibles et l'ADN viral non intégré, contrairement à ce que ces auteurs avaient observé dans une cohorte de patients infectés par le VIH et porteurs de lésions anales. On n’observe pas d’anomalies cytologiques, mais les résultats préliminaires ont mis en évidence une positivité p16/Ki67. L'extension prévue de cette étude à 1 000 patients permettra d'atteindre une puissance suffisante pour estimer la prévalence des types d'HPV ainsi que celle des lésions précancéreuses.
Claude Demare