HPV : étendre la vaccination aux garçons ?

Le vaccin HPV a démontré son efficacité à prévenir l'infection HPV et les lésions précancéreuses liées aux types contenus dans le vaccin. L'OMS et tous les pays, sauf le Japon, le recommandent aujourd'hui chez la petite ou la jeune fille et quatre essais d’envergure ont permis de faire la preuve de son innocuité à partir des registres suédois et danois: seulement 40 maladies auto-immunes (Behçet, maladie de Raynaud, diabète de type 1) ont été recensées à 181 jours sur plus d'un million de femmes dont 690 000 vaccinées, sans aucun cas de maladie lupique. Rappelons aussi qu’aujourd’hui, 60 % des cancers du col et de l'anus, 50 % des condylomes et 40 % des cancers ORL peuvent être attribués aux HPV ciblés par le vaccin. Dans ce contexte, la vaccination des garçons prend alors tout son sens pour diminuer l'incidence de ces pathologies, mais aussi pour protéger indirectement la partenaire. L'AMM du vaccin HPV n'existe pas pour les garçons en France et le coût reste, assurément, le principal frein à cette généralisation...

Cependant, la couverture chez les filles demeure mauvaise (moins de 30 % à l'heure actuelle) et une actualisation récente des recommandations a pour objectif de remédier à ce semi-échec: abaissement de l'âge du vaccin à 11-14 ans, 2 injections seulement au lieu de 3 antérieurement, rattrapage possible jusqu'à 19 ans.

Depuis ces modifications, il est préférable de déconnecter la présentation du vaccin de la sexualité, d'autant que le HPV est extrêmement répandu dans la population, quelque soit le nombre de partenaires et le type de sexualité. Le vrai problème de santé publique actuel en France concernant le HPV est celui des lésions précancéreuses et non du cancer, puisqu'on recense environ 25 à 30000 conisations annuelles dans notre pays à une moyenne d'âge de moins de 36 ans, à l'origine d'un lourd tribut obstétrical. Il convient donc, avant d'étendre la vaccination aux garçons, de développer la prévention primaire pour améliorer la couverture de la vaccination chez les filles cibles.

Dr Catherine Azoulay

Référence
Carcopino X: Vaccination HPV : et pourquoi pas les garçons ? 1ères Journées AIUS (Association Inter-Hospitalo-Universitaire de Sexologie)/SEXOGYN (Marseille, France) : 10-11 octobre 2014.

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