
Hanga Roa, le samedi 22 juillet 2017 – Quand le jour de Pâques de 1722, le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen découvre l'île à laquelle il donne le nom de la fête chrétienne du jour, la fascination commence. Ce confetti recèle en effet une riche culture, se manifestant notamment par l’érection de statues monumentales singulières* et une langue écrite étonnamment développée**, qui ne correspond pas à sa déliquescence apparente. Pour expliquer ce contraste, la thèse la plus partagée est que les Rapa Nui (population polynésienne locale) auraient précipité, quelques décennies plus tôt, leur déclin en surexploitant l’environnement, en particulier pour déplacer leurs géants de pierre.
Catrine Jarman et son équipe de l'université de Bristol au Royaume-Uni ont analysé les os humains et animaux, les restes végétaux et le sol de cette contrée pour étudier « l’adaptabilité humaine » aux terres insulaires à ressources limitées.
Ces chercheurs en sont finalement parvenus à contredire la théorie communément admise (explicitée plus haut) en démontrant que près de la moitié de l'alimentation de cette population provenait de la mer et que la composition isotopique du sol suggère « que la population préhistorique [d’avant la découverte NDLR] (…) avait une connaissance approfondie de la façon de surmonter la mauvaise fertilité des sols, d'améliorer les conditions environnementales et de créer un approvisionnement alimentaire durable ».
Ces travaux, publiés dans l’American journal of physical anthropology, épaississent davantage le mystère de ce « nombril du monde » dans lequel certains ont vu les restes d’un continent disparu ou les vestiges d’une civilisation extra-terrestre …
* les célèbres moais, dont la construction demeure en partie énigmatique
**le rongo-rongo
Frédéric Haroche