Infections fongiques à Candida : facteurs de risque et traitement

Candida spp représente aujourd’hui le 4ème germe le plus fréquemment retrouvé au cours des infections chez les patients hospitalisés en réanimation.

L’utilisation d’un traitement empirique est séduisante, mais rend difficile le diagnostic de ces infections.

De plus, le large spectre des antifongiques, peut entraîner une sélection de souches résistantes de Candida non albicans.

Impact de la prescription des antifongiques à large spectre sur la sélection de souches de candida résistantes

Une équipe Irlandaise a mis en place une étude dont les objectifs étaient de démontrer qu’une réduction de prescription systémique des antifongiques serait susceptible d’influencer la sélection des Candida (1). Il s’agit d’une étude épidémiologique de cohorte sur les infections à Candida dans les services de soins intensifs portant sur 2 périodes :

-groupe 1 de janvier 2006 au 31 décembre 2007 (période où les antifongiques à large spectre étaient largement prescrits),
-groupe 2, à partir de janvier 2007 (période à partir de laquelle la prescription des antifongiques à large spectre était ciblée).

Candida a été isolé chez 339 patients du groupe 1 et chez 242 patients du groupe 2.

La mortalité a été identique dans les 2 groupes : 11,9 % versus 11 %.

La consommation d’antifongiques a été diminuée de 49 % dans le groupe 2 comparativement au groupe 1 ; ce qui représente une économie de 493 347 euros.

Les patients du groupe 1 ont été colonisés par toutes les variétés de Candida. La fréquence des Candida non albicans était plus élevée dans le groupe 1 que le groupe 2.

Au total, cette étude montre qu’une réduction de la consommation des antifongiques diminue la fréquence des Candida non albicans.

Infections fongiques à C albicans et non albicans chez l’adulte et l’enfant : quels impacts économique et pronostique ?

L’équipe de CA. Grussemeyer a évalué les données cliniques et économiques des candidémies chez l’adulte et l’enfant et a comparé ces données en fonction du type de candida (albicans vs non albicans) chez ces mêmes patients (2).

1 134 patients ont présenté une candidémie (22 % étaient des enfants de moins de 18 ans et 45 % des patients de chaque groupe était infecté par C. albicans). Les coûts ont été évalués chez 446 patients, soit 39 % de l’effectif.

Quel que soit l’espèce en cause, les coûts de l’infection étaient plus élevés chez l’enfant que chez l’adulte (137 024 dollars versus 56 034 dollars ; p< 0,0001), ainsi que la durée de l’hospitalisation (42,5jours vs 20,7 jours ; p< 0,0001).
Par contre, la mortalité chez l’enfant était moins élevée que chez l’adulte (31 % vs 44 % ; p= 0,0004).

Chez les adultes infectés par C non albicans, et comparativement à ceux infectés par C. albicans, le coût de la prise en charge était plus important et la durée d’hospitalisation plus longue, mais la mortalité était comparable.

Chez les enfants, les différents types d’infections à Candida, ne différaient pas en termes de coût, de durée d’hospitalisation et de mortalité.

C . glabrata était l’espèce de Candida non albicans la plus fréquente chez l’adulte (50 %), et C. parapsilosis, la plus fréquente chez l’enfant (55 %).

C . albicans versus C . glabrata

Dans une autre étude (3), l’équipe de J. Gulia a comparé sur le plan clinique des patients infectés par C . albicans et par C . glabrata. Un total de 94 cas d’infections par C. albicans et 28 cas d’infections par C. glabrata a été collecté entre janvier 2004 et décembre 2006.

Les patients étaient sévèrement atteints dans les 2 groupes avec un score APACHE II élevé : 15,8 (C . albicans) versus 14, 6 (C . glabrata). La durée de traitement par fluconazole était identique dans les 2 groupes : 13, 3 jours vs 15, 8 jours.

Aucun patient du groupe C. albicans n’a présenté une résistance au fluconazole, alors qu’une résistance a été constatée dans 35, 7 % des cas dans le groupe C. glabrata (p< 0,001).

La mortalité a été comparable dans les 2 groupes (40,4 % vs 39, 3 %).

Les auteurs concluent qu’une infection par C . glabrata est associée à une résistance plus élevée au fluconazole.

Dr Gérard Hovakimian

Références
(1)Scanlon N et coll. : Change in epidemiology of fungal infections in ICU patients : The impact of antifungal therapy.
(2)Grussemyer CA et coll. : Bloodstream infection with Candida albicans and Non-albicans associated with high economic and mortality burden among children and adults.
(3)Gulia J et coll. : Comparison of clinical outcomes between candidemia caused by Candida albicans and Candida glabrata.
48th annual ICAAC (Washington) : 25-28 octobre 2008.
Ce compte rendu de congrès a été réalisé sous la responsabilité des auteurs, du coordonnateur et du directeur de la publication, qui sont garants de l’objectivité de cette publication. Attention : ceci est un compte-rendu dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par la commission d’Autorisation de Mise sur le Marché, et ne doivent donc pas être mises en pratique.

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