
En présence de symptômes, on tente de caractériser les épisodes antérieurs d’infections urinaires, et notamment les microorganismes impliqués. On recherche les facteurs favorisants (surtout s’ils sont modifiables) : hygiène, trouble du transit, activité sexuelle, mauvaises habitudes mictionnelles, apport hydrique insuffisant) et les facteurs de risque (anomalie de l’arbre urinaire, lithiase, tumeur, immunodépression, …). L’évaluation des cystites récidivantes (> 4/an) passe logiquement par un examen gynécologique, un catalogue mictionnel, une débitmétrie et une échographie réno-vésicale.
Une hygiène à surveiller
-s’hydrater correctement car une bonne diurèse et une fréquence de miction adaptées avec vidange complète permettent d’obtenir une dilution des micro-organismes et une diminution de l’accrochage des bactéries à la surface de la vessie ;
- uriner après chaque rapport en s’essuyant d’avant en arrière. Un conseil logique mais sans preuve scientifique formelle.
Médicaments et traitements alternatifs
- La prophylaxie immuno-active, notamment avec un extrait bactérien préparé à partir de 18 souches entéropathogènes d’E. coli a montré une plus grande efficacité que le placebo dans plusieurs essais randomisés et avec un bon profil d’innocuité. Il est recommandé pour l’immunoprophylaxie des patientes atteintes d’infections urinaires récidivantes sans complications.
- Les probiotiques contenant des lactobacilles permettent également de restaurer la flore normale.
- Quant au d-mannose, un essai clinique randomisé en aveugle contrôlé par placebo a montré qu’une dose quotidienne de 2g est significativement plus efficace qu’un placebo et aussi efficace que 50mg de nitrofurantoïne en prévention des infections récidivantes.
- Les instillations endovésicales d’acide hyaluronique et de chondroïtine sulfate qui ont été utilisées pour le remplissage de la couche de glycosaminoglycanes dans le traitement de la cystite interstitielle, le sont aussi pour la vessie hyperactive, la cystite radique et la prévention des infections récidivantes. Une méta-analyse de 27 études cliniques a conclu, par ailleurs, qu’il était intéressant de mettre en place des essais à grande échelle pour évaluer les avantages de ce type de traitement. Cela dit, aucune recommandation n’est possible à ce stade.
- Des études randomisées ont suggéré que la canneberge est utile pour réduire le taux d’infections urinaires. Cependant, une méta-analyse de 24 études comprenant 4 473 patients a montré que les produits actuels à base de canneberge ne réduisent pas de manière significative la survenue d’une infection urinaire symptomatique chez les femmes atteintes d’infections urinaires récidivantes. Elle pourrait par contre être utilement associée au propolis selon un essai randomisé qui n’emporte pas encore l’adhésion, de telle sorte qu’aucune recommandation sur la consommation quotidienne der produits à base de canneberge ne peut être faite.
- L’acupuncture a, de son côté, montré dans une étude un effet bénéfique à raison de 2 séances hebdomadaires pendant 1 mois.
- L’ostéopathie, l’éthiopathie et l’homéopathie ont encore tout à démontrer…
Dans ce contexte, le futur passe certainement par une meilleure compréhension de la physiopathologie des infections et notamment les altérations génomiques favorisantes, le rôle de la réponse immunitaire adaptative et de l’internalisation cellulaire. Mieux connaître le microbiome et l’urobiome, les effets de la micronutrition et la gestion du stress représentent une prochaine étape..
Dr Dominique-Jean Bouilliez