
Au total, 921 infirmières ont répondu à un questionnaire diffusé par les chercheurs auprès du personnel infirmier. Sur le nombre total de réponses, 895 questionnaires ont pu être exploités. L’analyse des données sociodémographiques montre une expérience professionnelle moyenne de 8 ans et la majorité des participantes exerçaient en service de médecine (312) et chirurgie (348).
Seules 8,8 % de celles qui ont répondu avaient reçu le vaccin antigrippal au cours de la saison précédente et dans l’ensemble les infirmières déclaraient avoir reçu environ 0,38 ± 0,71 vaccins durant les 5 dernières épidémies de grippe.
Se protéger ou protéger les autres ?
Des scores de perception des risques (1-12) et de connaissances (0-22) ont été dégagés et montrent que les éléments prédictifs concernant le statut vaccinal sont la spécialité d’exercice, les connaissances à propos de la grippe (Odds ratio ajusté [ORa] 1,166 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] 1,083-1,255, p=0.003), la perception de sa propre santé (ORa 0,910 ; IC95 0,845-0,980, p = 0,013), l’estimation du risque d’être contaminé (ORa 1,075 ; IC95 1,023-1,130), p = 0,004), et d’autres opinions diverses (ORa 1,166 ; IC95 1,083-1,255, p < 0,001).Par ailleurs, on remarque que les infirmières interrogées expliquent se faire vacciner « pour se protéger » dans 98,4 % des cas alors que 27,6 % le font « pour protéger les autres ». Une petite partie a recours à la vaccination parce que convaincue de l’efficacité du vaccin antigrippal (24 %).
Quant aux infirmières ne se faisant pas vacciner, 39,7 % avancent le fait « qu’elles n’en ont pas besoin », 36,2 % le refusent par « choix personnel » alors que 33,7 % évoquent la crainte des effets secondaires possibles. En outre, 30,1 % des infirmières pensent que le vaccin est un élément favorisant la contamination par le virus de la grippe alors que 24 % affirment que la vaccination provoque de graves effets secondaires. Cette étude, bien que très localisée, souligne donc les fausses-croyances entourant encore la vaccination et le virus de la grippe en lui-même.
Alors qu’émergent de véritables campagnes anti-vaccination sur notre territoire, il serait intéressant de transposer cette étude au personnel soignant français afin d’investiguer les freins à la vaccination des soignants sur notre sol et amener ainsi des réponses adéquates à cette problématique.
Maxime Sassalle