Inhalation méconiale : la désescalade thérapeutique

Une inhalation méconiale (IM) survient chez 5 % des nouveau-nés à terme ou post-terme soit in utero, lors de gasps, soit à la naissance, lors des premiers mouvements respiratoires. Sa fréquence a nettement diminué grâce à la lutte contre la post-maturité et l’asphyxie périnatale, mais elle reste potentiellement grave par ses conséquences immédiates (hypertension artérielle pulmonaire dans 15 % à 20 % des cas ; décès dans 5 % des cas ; etc) et lointaines.

Si l’aspiration trachéale systématique du nouveau-né est depuis longtemps abandonnée, l’amnio-infusion pendant le travail, et l’aspiration oro- et naso-pharyngée lors du dégagement des épaules, à titre préventif, quand le liquide amniotique est franchement méconial, sont remises en question. L’étude de Fraser et coll. (1) montre que l’amnio-infusion ne réduit pas les risques d’IM sévère, de décès périnatal, de réanimation néonatale et autres. Celle de Vain et coll. (2) conclut que l’enfant ne tire aucun bénéfice d’une aspiration oro-pharyngée intrapartum, puisque cette pratique ne diminue pas le risque d’IM, le besoin de ventilation mécanique, la durée de celle-ci, le besoin d’oxygène et la durée d’hospitalisation.

L’IM est un excellent exemple de désescalade dans l’utilisation d’interventions au cours d’une situation fréquente (le liquide amniotique méconial), et potentiellement délétère (le syndrome d’IM). Les recommandations de l’ILCOR (3) ne comportent plus l’amnio-infusion, l’aspiration oropharyngée, et l’intubation trachéale systématique. L’amnio-infusion pourrait garder un intérêt chez les post-terme en oligoamnios, avant la césarienne. L’aspiration oro- et naso-pharyngée est, bien sûr, toujours indiquée après la naissance. L’aspiration trachéale est inutile chez un nouveau-né « vigoureux », qui a des mouvements respiratoires efficaces, une fréquence cardiaque > à 100/min, et un bon tonus. Il importe de rester vigilant à l’égard des dépassements de terme, de bien surveiller le bien-être fœtal pendant le travail, et de se tenir prêt à prendre en charge un nouveau-né qui n’irait pas bien.

Dr Jean-Marc Retbi

Références
D’après les communications des Drs Chabernaud, Goffinet, et Lejeune.


1) Fraser WD et coll « Amnioinfusion for the prevention of the meconium aspiration syndrome » NEJM 2005 ; 353 : 909-17.
2) Vain N et coll : « Oropharyngeal and nasopharyngeal succioning of meconium stained neonates before delivery of their shoulders : multicenter, randomised controlled trial » Lancet 2004 ; 364 : 597-602.
3) Recommandations de l’ILCOR Pediatrics 2006 ; 117 : e978 - e988

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