Insuffisance cardiaque: surveillance 2.0

Nancy, le samedi 13 juillet 2013 – Au CHU de Nancy, deux chercheurs du Centre d’investigation clinique plurithématique Pierre Drouin (Inserm 9501) expérimentent un dispositif inédit de télésurveillance à domicile destiné à des patients ayant été hospitalisés après un premier épisode d’insuffisance cardiaque. Objectif : infléchir la courbe des décès et des ré-hospitalisations  qui suivent ce premier évènement, puis ce faisant diminuer les dépenses qui y sont associées.

L’insuffisance cardiaque est une des causes majeures de mortalité et de morbidité dans le monde et reste la cause d’hospitalisation la plus fréquente chez les patients âgés de plus de 65 ans. Actuellement pour ces malades le pronostic est mauvais, 20 % sont ré-hospitalisés dans les 30 jours, 50 % au bout d’un an, plus d’un tiers meurt dans les 12 mois. Avec120 000 nouveaux cas par an, le nombre d’insuffisants cardiaques ne cesse de progresser.

Un boîtier et une goutte de sang

Au CHU de Nancy, qui est l’un des sites pionniers dans la recherche contre l’insuffisance cardiaque, le duo de chercheurs composé des Drs Faiez Zannad (cardiologue) et Patrick  Rossignol (néphrologue) a mis au point un système de télésurveillance innovant pour améliorer la prise en charge et le suivi des insuffisants cardiaques une fois rentrés chez eux. La partie visible de ce système, encore expérimental, est un boîtier installé au domicile du patient  dès son retour de l’hôpital, car c’est un moment clé pour le pronostic vital. « Une première hospitalisation marque en effet un tournant dans l’aggravation de la maladie, explique Patrick Rossignol. Certes, nous avons les moyens thérapeutiques de stabiliser l’état de santé des malades après leur sortie, mais le suivi est difficile en raison de la complexité du traitement et du manque de médecins. Aujourd’hui un patient sort de l’hôpital avec une ordonnance et poursuit le plus souvent le même traitement pendant plusieurs mois, sans l’optimisation préconisée par les recommandations internationales, ce qui est regrettable. »

A partir d’une goutte de sang prélevée au doigt, plusieurs marqueurs cardiaques et rénaux sont analysés à distance: les données ainsi recueillies sont transférées vers un centre de télésurveillance. En cas de nécessité, le médecin traitant sera informé, afin qu’il puisse adapter rapidement et efficacement le traitement médicamenteux avec l’aide d’un système expert d’aide à la décision médicale.

Outre l’amélioration de la qualité de vie et de la prise en charge de ces malades ainsi que de leur espérance de vie, la généralisation de ce dispositif permettrait d’en faire baisser les coûts.  « Actuellement, les hospitalisations pour insuffisance cardiaque représentent plus de la moitié des dépenses associées à cette pathologie. Nous intégrerons donc des données socio-économiques lors de l’évaluation médicale, afin d’évaluer les économies générées par ce système", dit encore le Dr Patrick Rossignol.

Le projet a déjà obtenu un financement de 1,9 millions d’euros apportés par la Région Lorraine, en partenariat avec l’Union Européenne via le FEDER (Fonds européen de développement régional).  Les premiers prototypes sont attendus pour la fin 2013. Une première étude de validation clinique sera réalisée en vue de l’obtention du marquage CE. La seconde prévue en  2014  portera sur plusieurs centaines de patients , afin d’évaluer  l’intérêt du dispositif dans la prévention des réadmissions entre 60 à 90 jours après la première hospitalisation. D’autres centres, en France et/ou à l’étranger devraient s’y associer.

Dominique Thibaud

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Réagir à cet article

Les réactions sont réservées aux professionnels de santé inscrits et identifiés sur le site.
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.


Lorsque cela est nécessaire et possible, les réactions doivent être référencées (notamment si les données ou les affirmations présentées ne proviennent pas de l’expérience de l’auteur).

JIM se réserve le droit de ne pas mettre en ligne une réaction, en particulier si il juge qu’elle présente un caractère injurieux, diffamatoire ou discriminatoire ou qu’elle peut porter atteinte à l’image du site.