
Paris, le samedi 21 septembre - La cigarette électronique s'est imposée comme l'une des stars de cette année 2013. Et comme toute star qui se respecte, elle n'échappe pas à la controverse. Idolâtrée par les uns, elle est sévèrement blâmée par les autres. Et les premiers jurent que les seconds ne sont qu'intransigeance, quand ces derniers moquent l'aveuglement des amoureux tout feu tout flamme! Le propre du blogueur est souvent (même s'il n'y parvient pas toujours) de s'extraire des querelles de chapelle pour prendre un peu de hauteur sur les débats. Sur ce sujet brûlant de la e-cigarette, le médecin et journaliste Jean-Daniel Flaysakier s'y essaie dans une note récente postée sur son blog. Il constate ainsi que les résultats d'une des dernières études publiée sur la e-cigarette (dans Le Lancet) et qui ont de fait été très commentés ont donné lieu à une lecture peu objective. Mais à ses yeux, ce sont surtout les défenseurs de la e-cig qui ont vu leur point de vue le mieux représenté. « Brutalement, voici donc ces patches considérés par certains comme une très bonne arme puisque la e-cig fait aussi bien, voire, après une lecture erronée de l’étude, mieux que ces substituts » note ainsi avec malice Jean-Daniel Flaysakier qui rappelle que jusque ici, les patches étaient considérés comme de piètres soutiens dans le sevrage tabagique. Il exprime plus loin plus clairement encore sa sensation que le discours général sur la cigarette électronique laisse la part belle à ses partisans : « Je suis étonné de cette volonté soudaine de la parer de toutes les vertus, un phénomène un peu proche de celui du baclofene pour le sevrage alcoolique ».
Microcirculation des idées
Faut-il en conclure qu’échouant à endosser sur ce sujet le rôle du blogueur pétri de sagesse, Jean-Daniel Flaysakier n’ait entendu que les louanges trop vite formulées à l’égard de l’e-cigarette, quand tant de réserves, parfois sans fondement, ont pourtant parallèlement été émises ? Non, Jean-Daniel Flaysakier ne sera pas celui-là. Il n’hésite pas même à multiplier quelques affirmations sans nuance qui feraient peut-être un peu sourciller quelques tabacologues éminents très présents sur la scène médiatique : « La e-cig est, à n’en pas douter, un excellent moyen de réduire la consommation de cigarettes » jette-t-il ainsi avant de souligner : « Je suis persuadé que la e-cig est cent fois moins toxique que la cigarette. Elle n’a, en particulier, aucun effet néfaste sur la microcirculation des artères coronaires comme l’a démontré une étude présentée récemment au congrès de la European Society of Cardiology, à Amsterdam ».
Un statut de médicament ? Pas le bon remède !
Fort de cette analyse contrastée, quel avenir Jean-Daniel Flaysakier promet-il à la cigarette électronique ? Quel statut préconise-t-il pour ce dispositif, puisque telle a été la grande question de ces derniers mois ? « Il faut poursuivre les évaluations, mesurer le taux d’abandon du tabac, les variations de consommation, la durée de l’effet e-cig. Tout cela en refusant d’en faire un médicament et en ne cédant pas à des vieilles lunes hygiénistes. Ainsi, en interdire l’usage aux plus jeunes n’est pas forcément une bonne mesure. Aux Etats-Unis, le CDC, le centre de contrôle des maladies d’Atlanta vient de publier une statistique montrant qu’entre 2011 et 2012 le nombre d’utilisateurs d’e-cig chez les lycéens est passé de 4,7 à 10 % », conclue le journaliste qui estime qu’il propose ainsi une appréciation « non politiquement correcte » de ce grand débat du moment. En tout cas, il aura confirmé une nouvelle fois que les considérations en la matière ne manquent pas d’être parfois fumeuses !
Aurélie Haroche