JDP. Les enfants ont aussi des rosacées

La survenue d'une rosacée chez l'enfant est rare. Sur ce terrain, cependant, la maladie semble revêtir des particularités susceptibles de faire méconnaître le diagnostic. C'est ce que nous enseigne une analyse rétrospective de 20 cas infantiles (9 filles, 11 garçons) de rosacée observés entre 1996 et 2005 à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux.

Onze de ces enfants avaient une forme oculo-cutanée de rosacée, trois une forme purement ophtalmologique et les six derniers une forme purement cutanée. Le délai entre le début des symptômes et la reconnaissance de la maladie avait été de un an, l'âge moyen au moment du diagnostic étant de 56 mois. Celui-ci avait été le plus souvent posé devant des lésions dermatologiques évocatrices mais l'interrogatoire montrait que les manifestations oculaires avaient été plus précoces (7 enfants) dans les formes mixtes. Dans les formes oculaires le diagnostic avait été retenu devant une meibomite, une blépharite avec injection conjonctivale, des télangiectasies du bord de la paupière.

Le tableau dermatologique de ces rosacées infantiles n'est pas exactement superposable à celui observé chez l'adulte, et ne respecte pas en particulier tous les critères habituels du diagnostic. Il s'agit le plus souvent d'une éruption papulopustuleuse qui peut en imposer pour une acné infantile ou une dermite péri-orale. Les signes ophtalmologiques sont également beaucoup plus souvent observés et précoces que chez l'adulte. Le chalazion « à bascule » est apparu ici comme un mode d'entrée fréquent dans la maladie.

Ces différents éléments laissent penser que la rosacée infantile n'est peut-être pas aussi exceptionnelle qu'on le croit et qu'elle est probablement sous diagnostiquée. Seule une étude de plus grande envergure permettrait de préciser les critères du diagnostic dans cette tranche d'âge. Elle est pourtant importante à reconnaître, les localisations oculaires pouvant se compliquer d'ulcérations cornéennes, voire de perforation, avec un retentissement possible sur la vision.

La prise en charge est malaisée. Les cyclines sont en effet contre-indiquées à cet âge. Dans cette série, une régression compète a été obtenue en un mois par l'administration de métronidazole per os chez 8 enfants, sans effets secondaires notables.

Dr Marie-Line Barbet


Chamaillard M et coll. : Rosacée de l'enfant : manifestations cutanées et ophtalmologiques. Communication orale. Journées dermatologiques de Paris 6-10 décembre 2005. Copyright LEN.

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