JFK, ces maladies qui ne l’ont pas tué

Dallas, le vendredi 22 novembre 2013 - Il y a 50 ans, les Etats-Unis restaient sidérés par l’assassinat de leur 35ème président, l’un de ceux qui avaient suscité le plus d’enthousiasme lors de son élection, en raison de son dynamisme, sa jeunesse, son charisme. Auréolé de cette popularité, John Fitzgerald Kennedy saluait avec son éternel sourire les badauds venus se presser sur le chemin du parcours de sa décapotable à Dallas le 22 novembre 2013 quand les coups de feu retentirent. Depuis ces quelques secondes qui ont fait trembler l’Amérique, le mystère Kennedy continue à alimenter les esprits, à nourrir les hypothèses les plus folles, à faire l’objet d'innombrables romans, films, ouvrages à thèse. 

Un bronzage dû à l'activité au grand air... et à la maladie d'Addison

C’est non seulement sa mort, mais également la vie de JFK qui fascine. Son parcours médical a notamment fait couler beaucoup d’encre. Ainsi, en novembre 2002 le dossier du Président était rouvert durant deux jours en présence du docteur Jeffrey Kelman. Quelques années plus tard, en 2009, les Annals of Internal Medecine dévoilaient en partie l’itinéraire médical du Président. Les Américains et le monde entier ont ainsi peu à peu découvert les multiples souffrances de celui qui tout au long de sa courte vie a pourtant symbolisé la force et la jeunesse.

Les dix caisses de radio, les huit ans d’ordonnance et les centaines de compte-rendu que le docteur Jeffrey Kelman avait eu la chance de pouvoir consulter en 2002 retraçaient les multiples symptômes et pathologies du président, dominés par sa maladie d’Addison diagnostiquée en 1947 alors qu’il n’a que trente ans. A cet âge le Président lutte déjà depuis son plus jeune âge contre des douleurs lombaires chroniques, qui vont être accrues par une chute violente lors de l’attaque de son bateau patrouilleur par un destroyer japonais au large des îles Salomon pendant la seconde guerre mondiale. Sa colonne vertébrale fragile mise à rude épreuve par cet accident va le contraindre à porter régulièrement un corset et à utiliser des béquilles.

De la procaïne avant les conférences de presse

Les séjours à l’hôpital et les interventions seront également nombreux : il a notamment été hospitalisé à neuf reprises à New York et à Boston, entre 1955 et 1957 alors qu'il était sénateur du Massachusetts. Il faut dire qu’outre ses douleurs lombaires, sa maladie d’Addison et son ostéoporose consécutive à son traitement, JFK souffrait également d'une insuffisance rénale chronique, d'une hypotension artérielle, d'un taux de cholestérol élevé et de troubles gastriques. Pour faire face à ces multiples pathologies, l’arsenal médicamenteux du Président était très développé. Dans sa biographie publiée en 2003, l’historien américain Robert Dallek observait à titre d’exemple que pendant la crise des missiles de Cuba,  le traitement du président se composait d'antispasmodiques, d'antibiotiques pour une infection urinaire, d'hydrocortisone et de testostérone en très grande quantité. Contre la douleur, des injections de procaïne lui étaient également fréquemment prodiguées, par exemple avant une conférence de presse.

« Il n’est plus avec nous »

Si cette prise en charge médicale a permis à John Fitzgerald Kennedy de poursuivre sa carrière politique sans jamais (ou rarement) éveiller les soupçons sur sa véritable condition physique, la médecine ne lui fut d’aucun secours lorsqu’il arriva à l’hôpital de Parkland le 22 novembre 1963. Ce jour là c’est le jeune Docteur Robert McClelland, âgé d’à peine 30 ans, qui l’accueille dans l’établissement. Le praticien a été interrogé cette semaine par plusieurs journaux, américains et européens, pour raconter la tentative vaine de réanimation du Président. « En entrant dans la salle, j’ai été horrifié par ce que j’ai vu. Le président Kennedy était allongé sur le dos sur un chariot, avec la tête en sang. Je me suis placé à la gauche du président, le Dr. Perry à sa droite. Il m’a dit : "Bob, il y a une blessure ici dans le cou, juste au-dessus de l’os et tout près de la trachée". Nous craignions que sa trachée soit atteinte mais aussi les artères qui irriguent le cerveau. Nous avons pratiqué une incision pour faire une trachéotomie. Le Dr Perry m’a alors demandé de me placer à l’arrière de sa tête, de me pencher afin de placer le rétracteur dans l’incision. Le Président tentait encore à ce moment là de respirer et l’électrocardiogramme montrait une excellente activité cardiaque. Il n’était pas mort. Lorsque je me suis mis derrière le chariot, c’est là que j’ai vu l’énorme blessure qu’il avait derrière la tête. Un tiers de son crâne, à l’arrière droit, était totalement ouvert. Alors que j’étais là à regarder, son cerveau a commencé à couler hors de son crâne, sur la table. J’ai dit : "Mon Dieu, avez-vous vu sa blessure à l’arrière du crâne ? " et ils ont répondu " non ". Après 4 ou 5 minutes, le Dr. Clark, notre professeur de neurologie, est entré dans la pièce et a regardé l’électrocardiogramme. Il a dit que l’activité cardiaque avait cessé. Il nous a dit : "Vous pouvez arrêter, car il n’est plus avec nous ". C’est ainsi que le président a été déclaré mort ».

Léa Crébat

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