Journées dermatologiques de Paris : Quand l'esthétique se complique

Paris. 5 au 8 décembre 2001. Médecine et chirurgie esthétique conjuguent leurs efforts pour embellir et effacer les outrages du temps. Dans ce cadre, la survenue d'une complication non seulement contrarie l'objectif initial en aggravant plutôt qu'améliorant l'aspect mais encore transforme en malade le patient en bonne santé ! Cette éventualité est heureusement rare, mais existe, parfois sous des formes insolites comme l'ont illustré trois posters présentés aux dernières journées dermatologiques de Paris.
Le service de dermatologie du Pr Ortonne (Nice) a ainsi décrit l'observation d'une femme de 65 ans qui au décours d'un lifting bilatéral a présenté une nécrose cutanée péri-auriculaire bilatérale qui a cicatrisé en six semaines mais a été suivie par l'apparition d'un premier nodule inflammatoire douloureux sous maxillaire gauche puis de multiples nodules érythématoviolacés pré-auriculaires, sous maxillaires et cervicaux gauches, sans fièvre ni altération de l'état général. Les prélèvements bactériologiques ont mis en évidence Mycobacterium fortuitum. Les infections à ce type de mycobactérie atypique sont rares. Ce germe ubiquitaire (eau, terre, fécès) considéré comme saprophyte est essentiellement pathogène chez l'immunodéprimé. Chez l'immunocompétent, il peut se manifester en cas de rupture de la barrière cutanée lors d'une chirurgie ayant utilisé du matériel insuffisamment stérilisé par exemple. Plusieurs cas ont été décrits après chirurgie esthétique. Le traitement en est complexe associant chirurgie et antibiothérape (clarithromycine) sur plusieurs mois.
Les complications liées aux implants en silicone sont beaucoup moins anecdotiques. Cependant la survenue de granulomes à corps étrangers (siliconomes) n'est guère classique. A cet égard, l'observation de J Landry est coll. est très illustrative. Il s'agit d'une patiente de 57 ans présentant des lésions infiltrées du visage correspondant à des granulomes giganto-cellulaires et épithélioïdes associés en lumière polarisée à des dépots de silice. Après avoir exclu le diagnostic de sarcoïdose et après l'échec de divers traitements, les implants mammaires en silicone mis en place chez la patiente, dix-sept ans auparavant ont été suspectés comme ayant provoqué cette réaction granulomateuse. Leur ablation a en effet conduit à la disparition spontanée des lésions du visage en six mois.
Les injections d'acide hyaluronique dans le comblement des rides sont exceptionnellement bien tolérées. Mais l'innocuité parfaite n'existe pas en médecine. On peut le constater avec l'observation de cette patiente de 72 ans qui six mois après une unique séance d'injection a développé des lésions nodulaires indurées au niveau des sillons naso-géniens concernés, alors qu'elle était traitée pour une pleurésie tuberculeuse. Progressivement s'est installée une infiltration scléreuse généralisée. La présence de dépôts de mucine à l'histologie conduisait alors au diagnostic de scléromyxoedème. Les FAN étaient positifs. Cette observation exceptionnelle qui répond probablement à une pathogénie complexe restera probablement unique.

Dr Marie-Line Barbet


Angeli K et coll : « Infection cutanée à Mycobacterium fortuitum après lifting » P141
Landry J et coll. : « Siliconomes du visage d'évolution favorable après ablation d'implants mammaires en silicone » P 198
Rongioletti F et coll : « Sléromyxoedème après injection intradermique d'acide hyaluronique » P 270. © Copyright Jim Online 2001.

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