Au total 60 entretiens approfondis (durée moyenne 57 minutes)
ont été menés sur un échantillon approprié comportant un large
éventail allant de sujets porteurs sains à des sujets présentant un
phénotype d'hémophilie sévère. Il s'agissait de sujets vivant en
Irlande (8 femmes et 52 hommes) dont l'âge allait de 18 à 79
ans.
La majorité des sujets interrogés ont rapporté des saignements
de bouche consécutifs à un traumatisme extérieur (en relation avec
des activités sportives ou une chirurgie dentaire) ou à des
morsures involontaires de la langue ou des joues, mais aussi en
relation avec une pathologie gingivale (gingivite,
parodontite).
Il est à noter que pour de nombreux patients ayant une hémophilie peu sévère les interventions dentaires avaient été le facteur révélateur de l'hémophilie, que ce type de saignements était souvent le plus caractéristique du phénotype. Ces saignements étaient la seule justification d'un éventuel recours au facteur de coagulation et s'accompagnaient d'une véritable "phobie dentaire".
De fait l'analyse des transcriptions des entretiens fait ressortir que parmi les sujets ayant accès à un facteur de coagulation à domicile, la plupart en faisaient très largement usage avant tout examen buccal ou dentaire et que ceux qui n'avaient pas cet accès évitaient le plus possible les soins dentaires.
Une enquête qui montre donc que les saignements de la cavité
buccale sont sans doute souvent sans gravité mais qu'ils ont un
impact fort sur le quotidien et la santé dentaire des
hémophiles.
Dr Jean-Claude Lemaire