La France peut-elle éviter un nouveau confinement ?
Paris, le mardi 5 janvier 2021 – Alors que la Grande-Bretagne
et l’Écosse ont décrété un nouveau confinement strict, que
l’Allemagne durcit ses mesures de restriction, que la Catalogne
empêchera les déplacements en dehors de ses frontières entre le 7
et le 17 janvier et que l’Italie a repoussé la rentrée de ses
lycéens, en France, une forme de fébrilité s’installe. « La
France est un des derniers pays d’Europe occidentale à ne pas être
reconfinés » a reconnu ce matin sur RTL le ministre de la
Santé, Olivier Véran. L’utilisation de cet adjectif,
"dernier", ouvre la voie à toutes les gloses possibles.
Faut-il envisager que la France ne pourra que rejoindre ses
compagnons d’infortune ?
Ne rien écarter, ne rien promettre, mais tout faire
pour éviter un confinement strict
Alors que la conférence de presse du premier ministre, Jean Castex,
ce jeudi, consacrée à la campagne de vaccination mais aussi à
l’évolution des mesures prises pour freiner la circulation du virus
est très attendue, Olivier Véran a une nouvelle fois refusé
d’écarter strictement telle ou telle alternative. « Si je vous
disais, "nous ne reconfinerons pas", c'est que je m'inclurais de
fait dans la catégorie des prédictologues, dont vous savez que je
ne fais pas partie » a-t-il commenté sur RTL ce matin, tout en
martelant qu’un confinement total, incluant la fermeture des
commerces était une solution que le gouvernement souhaitait le plus
possible éviter.
Ne pas attendre une flambée dans les hôpitaux
La situation épidémiologique en France est ambivalente. Les
chiffres quotidiens confirment que notre pays demeure sur un
plateau épidémique élevé : les hausses redoutées ne s’observent pas
encore de façon claire, mais la situation dans les hôpitaux est
telle que toute nouvelle flambée serait particulièrement difficile
à assumer. La pression dans les services de réanimation, qui n’ont
cependant pas à souffrir des épidémies hivernales traditionnelles
(quasiment totalement absentes) demeure en effet soutenue, avec une
hausse du nombre d’admis au cours de la semaine précédente (quand
une baisse avait été enregistré la troisième semaine de décembre).
Pour certains spécialistes, le nombre d’admis dans les hôpitaux ne
doit cependant pas être l’indicateur privilégié pour guider les
décisions. « C’est le niveau de remplissage de la réanimation et
les hospitalisations qui guident les politiques publiques depuis le
début. C’est un marqueur tardif et qui nous fait souffrir sur le
terrain » s’agace le Pr Gilles Pialoux, chef du service des
maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris. Cependant, le
nombre de cas est très difficile à interpréter, d’abord puisqu’il
dépend du nombre de tests, qui a beaucoup fluctué ces derniers
quinze jours, entre les pics précédant les réveillons et l’accalmie
des jours qui ont suivi liée notamment aux vacances. Les chiffres
quotidiens ne permettent pas encore de confirmer clairement l’effet
redouté des rassemblements de Noël, dont on sait qu’il pourrait
être compensé par les « bénéfices » des vacances et surtout
qu’il pourrait être différent en fonction de la situation épidémie
préalable de chaque département ; néanmoins on observe une légère
progression du nombre de cas. Enfin, dernière donnée dans cette
équation très complexe, la probable plus forte contagiosité du
nouveau variant alerte et incite de nombreux professionnels à
exiger du gouvernement une anticipation.
Loin de la vie normale en France
Dans ce cadre quelles sont les marges de manœuvre du
gouvernement ? D’abord, il peut mettre en avant le fait que les
restrictions sont à ce jour très nombreuses : couvre-feu sur
l’ensemble du territoire, avancé à 18h dans certaines localités et
fermetures des lieux culturels et des restaurants dont il ne fait
plus mystère désormais que leur réouverture prévue en janvier sera
repoussée. Par ailleurs, plutôt qu’un confinement généralisé,
l’exécutif pourrait opter pour des solutions plus
localisées.
Mais si des mesures renforcées sont prises, la question du
maintien ouvertes des écoles et plus certainement encore des
collèges et des lycées sera inévitable. Sur ce point, le ministre
de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a indiqué ce matin
qu’il pourrait accepter un prolongement des vacances de février,
tandis que la reprise des cours en distanciel (au moins en partie)
pour les plus grandes classes pourrait être de nouveau à l’étude.
Enfin, demeure également la promotion du télétravail, mais sur ce
point, le gouvernement n’a pas encore renoncé à son mot d’ordre de
permettre aux employés qui le souhaitent de pouvoir revenir un jour
par semaine sur site à partir de jeudi (à la demande des syndicats
et en vue de limiter les risques de souffrance mentale). A
suivre.
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