La gastroentérite à éosinophiles (GEE) est une maladie rare dont l’histoire naturelle est mal connue. Ce travail rétrospectif, rapporté par G. Pineton de Chambrun, a précisé les caractéristiques cliniques et l’évolution à long terme d’une cohorte de malades atteints de GEE et suivis entre 1992 et 2007. Le diagnostic de GEE était porté après exclusion des autres causes d’éosinophilie digestive. Les GEE ont été classées en formes muqueuses, musculeuses ou séreuses. Quarante et un malades ont été recensés, 27 hommes et 14 femmes, d’un âge médian de 38 ans (16 - 70) au diagnostic. Des douleurs abdominales, une diarrhée, des nausées et/ou vomissements, une ascite, étaient respectivement les symptômes inauguraux les plus fréquents : 70, 48, 45 et 39 % des cas. Le délai médian entre les premiers symptômes et le diagnostic était de 1,5 ans (0,16 - 27).
La GEE était respectivement muqueuse, séreuse et musculeuse dans 44, 39 et 12 % des cas. L’atteinte, évaluée par des biopsies digestives étagées, était le plus souvent duodénale (63 %), iléale (45 %) et colique (66 %) plus rarement oesophagienne (20 %) et gastrique (32 %). Trois malades avaient une atteinte duodénopancréatique se révélant par un tableau de pancréatite chronique. Une hyperéosinophilie sanguine (> 500/mm3) était présente chez 31 malades (79 %) et une élévation des IgE chez 22 (66 %). Sur 27 malades traités (66 %), plus de la moitié avait reçu une corticothérapie (1 mg/kg/j), 4 du chromoglycate et 6 des antihistaminiques. Après un suivi médian de 15 ans (1 - 27), trois profils évolutifs ont pu être individualisés : 18 malades (44 %), (dont 9 étaient des formes séreuses) avaient une poussée unique inaugurale sans récidive, 14 (36 %) des poussées entrecoupées de périodes de rémission (formes récurrentes) et 9 (21 %) une forme chronique continue. Trois patients étaient cortico-dépendants à une faible dose. Aucune transformation myéloproliférative n’était observée. On retiendra donc de cette étude que les présentations cliniques différentes dépendent du siège de l’infiltrat digestif, et qu’il faut donc cibler les prélèvements pour porter le bon diagnostic. De plus, la moitié des patients vont évoluer favorablement sans récidive. Il semble donc exister 2 types de GEE, répondant à des mécanismes différents qu’il faut encore élucider.
Dr X.Treton