La guerre sans gènes

Paris, le samedi 16 mai 2015 – Les chercheurs Oded Galor (université Brown, à Providence), Quamrul Ashraf (Williams College, Williamston) et Cemal Arbatril (Haute école d’économie de Moscou) s’intéressent depuis plusieurs années aux liens entre économie et diversité génétique. Un terrain d’étude qui leur a valu quelques commentaires. Déjà en 2009, les deux premiers avaient dû répondre d’accusations de racisme en soulignant qu’à leur sens la diversité génétique est une façon de mieux appréhender des « facteurs culturels, historiques et biologiques, non mesurables, qui influencent les économies ».

Cinq fois plus de risque de guerre civile en cas de diversité génétique très marquée ?

Des explications qui ne leur ont cependant pas permis d’échapper une nouvelle fois à plus d’une remontrance à l’heure de la publication de travaux dans la revue du National Bureau of Economic Research  qui s’intéressent aux liens entre diversité génétique et guerre civile. Ces dernières qui ont tué 15 millions de personnes depuis la fin de la seconde guerre mondiale et qui ont jeté sur les mers et les routes des milliers de migrants comme le rappelle un article des Echos alimentent également depuis de nombreuses années la curiosité des sociologues, anthropologues et économistes. Aujourd’hui, la thèse d’Oded Galor, de Quamrul Ashraf et de Cemal Arbatril relie la diversité génétique au risque accru de guerre civile. Analysant différents conflits survenus entre 1960 et 2008, ils considèrent que la probabilité de voir éclater des affrontements au sein d’un même pays est cinq fois plus importante dans les pays où la diversité génétique est la plus marquée par rapport à ceux où elle est très restreinte. Pour expliquer cette situation (qui serait inverse à celle qui se retrouve dans les conflits entre deux pays selon d’autres études), les auteurs estiment que cette diversité génétique pourrait nuire aux liens de coopérations ; tandis que des priorités politiques différentes pourraient s’établir comme le résume Jean-Marc Vittori dans les Echos. « Dans la mesure où la diversité génétique reflète une hétérogénéité entre individus, à travers des traits de caractère récompensés de manière différente par l’environnement géographique, institutionnel ou technologique, elle peut cultiver des griefs induits par l’inégalité économique » écrivent encore les auteurs. Des résultats qui ont fait l’objet d’importantes critiques, beaucoup reprochant évidemment aux auteurs de faire le lit des théories racistes les plus dangereuses. Ces recherches posent en tout état de cause la question de la pertinence de tenter d’établir des liens entre des données génétiques et biologiques et des phénomènes culturels et politiques.

Léa Crébat

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