C’est l’histoire d’une jeune femme de 28 ans sans antécédent atopique personnel ni familial, non fumeuse qui a développé un eczéma des mains bilatéral 6 mois après le début de son travail comme coiffeuse à plein temps.
Elle faisait en moyenne 3 teintures ou décolorations par jour (chacune prenant de ¾ heure à une heure et demie et une permanente par semaine. La moitié de son temps était occupé à la coupe des cheveux.
Le salon de coiffure était correctement aéré par une ventilation mécanique et une ventilation supplémentaire sur le lieu de préparation des teintures.
La jeune femme portait des gants en vinyle pour appliquer les teintures, les décolorations et les permanentes.
Le bilan allergologique mettait en évidence des pach-tests positifs pour paraphénylènediamine, paratoluènediamine et persulfate d’ammonium.
Les prick-tests cutanés étaient positifs pour pityrosporum ovale, graminées, chien et cheval.
Deux ans plus tard, la patiente développait des symptômes respiratoires en relation avec le travail : rhinite, toux et larmoiements. Son état respiratoire s’aggravait encore l’année suivante avec apparition d’un asthme vespéral et nocturne.
Un test de provocation réaliste était alors mené : la patiente a réalisé une décoloration capillaire pendant laquelle sa fonction respiratoire a été mesurée toutes les 15 minutes.
Une rhinorrhée est survenue en 26 minutes et une toux irritative en 1 heure.
Le persulfate d’ammonium contenu dans le produit de décoloration était responsable des signes respiratoires. Il est à l’origine de réactions allergiques IgE-dépendantes.
L’éviction de l’allergène étant impossible sur son lieu de travail, la patiente s’est reconvertie dans la vente de cosmétiques, n’a plus aucun symptôme et ne prend plus de traitement.
Cette observation souligne l’évolution dans le temps de la présentation et de la sévérité d’une allergie professionnelle. La prise en charge aurait probablement pu être plus précoce.
Dr Geneviève Démonet