La mère, abuseur sexuel

La mère, par essence nourricière et protectrice, peut aussi devenir violente et abuseur. Il s'agit là d'un sujet tabou, mais une femme est à l'origine de près d’une violence physique sur 2 et de 13 % des violences sexuelles. Celles-ci revêtent souvent un caractère intense et répétitif. Les mères sont responsables de 11 % des violences commises par les femmes et d'un tiers des violences sexuelles sans attouchement. La situation de soins et de maternage propre au rôle maternel provoque, du coup, une entière mise à disposition de l'enfant à sa mère et peut facilement servir de prétexte à l'abus sexuel. D'autres femmes proches ou "ayant autorité" peuvent également être en cause (garde d'enfant, baby-sitter, enseignante, voire professionnelle de santé…).

Les femmes, auteures de violences sexuelles, sont souvent instigatrices du phénomène et agissent en solo, sans subir de pression ni de contrainte, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Au moment des actes de violence, elles sont souvent en situation de précarité, y compris psychologique (maladies mentales, problèmes psychologiques...), voire elles mêmes battues par leur partenaire. Ces femmes sont le plus souvent sous-médicalisées et dans un dénuement majeur. Les taux de tentatives de suicide sont particulièrement élevés dans cette population. S'il n'existe pas de profil type de la femme abuseur sexuelle, certaines caractéristiques générales peuvent être retrouvées: faible empathie, manque d'estime de soi, inaptitude à l'intimité, antécédent d'attachement insécurisé... Elles ont en général subi une enfance ou une adolescence dénuée de tout soin ni sécurité et ont baigné dans la carence affective. Le phénomène est donc clairement transgénérationnel. Les victimes des violences de leurs mères sont plus souvent les filles et elles subiront fréquemment de graves conséquences sur le plan de la maturité affective et de leur développement psychomoteur ultérieur.

Dr Catherine Azoulay

Référence
Colson MH : Femmes auteures de violences sexuelles: les mères aussi ! 1ères Journées AIUS (Association Inter-Hospitalo-Universitaire de Sexologie)/SEXOGYN (Marseille, France) : 10-11 octobre 2014.

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Vos réactions (3)

  • Chanteur-Chanteuse.

    Le 04 novembre 2014

    Le plus souvent le féminin des noms en -eur se termine par -euse. Parfois par -eresse (docteur - docteresse).
    Le féminin d’abuseur est abuseuse.
    En écrivant qu’une femme (la mère) est « un abuseur » le JIM contribue, volens nolens, à propager un stéréotype éculé : celui de la violence du mâle. Cela s’appelle de la stigmatisation.
    Le JIM doit faire attention aux titres qu’il écrit en grand et en gras !
    Le JIM annonce que les réactions ne seront publiées qu’après « modération » par la rédacton. Le JIM publiera-t-il une réaction qui met en cause sa rédaction ? J’espère que oui.
    Et vous reprenez cette déviation langagière, profondément révélatrice, dans le texte en parlant « du profil type de la femme abuseur sexuelle ». L’article est signé de notre consœur Catherine Azoulay. Est-ce parce qu’elle est une femme que ça lui arracherait la plume de mettre abuseur au féminin ? Mais probablement de nombreux/ses féministes trouveront ma remarque idiote, ou se cacheront derrière un « usage lexical».

    Dr Guy Jadot

  • Une réponse de la rédaction

    Le 04 novembre 2014

    Volens, nolens, en l'espèce nous avons probablement commis une faute d'accord de l'adjectif abuseur qui selon le Robert peut se féminiser en abuseuse, de même qu'auteur en auteure toujours selon le Robert (ce que notre auteur[e] a fait dans son texte !).
    Il nous semble toutefois, que malgré la subtilité de l'interpellation de notre confrère, il est difficile de "mettre en cause" notre rédaction et d'attribuer au JIM des arrière-pensées politiquement (in)correctes. D'autant qu'il y a quelques années nous avions publié une tribune signée par une femme, rédacteur de notre rubrique Pro et Société, se refusant à féminiser les fonctions dans ses articles ce qui nous avait valu quelques critiques: "Petit précis de grammaire à l’intention des journalistes réactionnaires"
    http://www.jim.fr/medecin/jimplus/tribune/e-docs/petit_precis_de_grammaire_a_lintention_des_journalistes_reactionnaires__132013/document_edito.phtml

  • Abuseuse ou AICS?

    Le 06 novembre 2014

    Merci, Dr Jadot, de votre lecture attentive mais, ma plume étant encore entière pour l'instant, je vous précise juste qu'il s'agit là d'un résumé de congrès, et non d'un article, où j'ai donc repris, précisément, les divers termes utilisés par l'oratrice sexologue (une femme, il est vrai), peut-être "révélateurs", à vous de voir...
    L'alternative citée dans le livre du congrès était « femme auteure de violences sexuelles » ou « femme AICS » (auteurs d’infractions à caractère sexuel), que l'on peut préférer, si l'on est puriste...
    Votre remarque me permet d'ailleurs de pointer que, d'après l'oratrice, ce n'est que très récemment que les fiches de police permettent de renseigner le genre des agresseurs sexuels tant l'inconscient collectif tendait à penser qu'il s'agissait toujours d'un homme...
    Dédouanons donc le JIM de cette "déviation langagière"... « modération » ne veut pas dire «déformation »...
    Dr Catherine Azoulay

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