La mort en extase est-elle un mythe ?

Le 16 février 1899, le président Félix Faure mourrait en compagnie de sa maitresse, Marguerite Steinheil, à l’âge de 58 ans. Mais une réalité statistique se cache-t-elle derrière cette anecdote, aussi présidentielle soit-elle ? Chugh et coll. ont analysé les circonstances de survenue de 4557 arrêts cardiaques pris en charge dans le Nord-Ouest des États-Unis entre 2002 et 2015. Au total, 34 arrêts cardiaques ont eu lieu durant un rapport sexuel, ou dans l’heure suivant celui-ci (soit 0,7 % de tous les arrêts cardiaques). Les arrêts circulatoires liés à un rapport sexuels surviennent quasi exclusivement chez des hommes (dans 94 % des cas), généralement plus jeunes que la moyenne des sujets faisant un arrêt cardiaque (60,3 ans en moyenne contre 65,2, p=0,01) et plus souvent afro-américains (19 % contre 8 % dans la population générale, p<0,001). Dans 76 % des cas, ces arrêts cardiaques sont dus à une fibrillation ou une tachycardie ventriculaire, contre 45 % des arrêts « tout venants ».

Que retenir de cette étude ? Principalement qu’il ne s’agit pas d’un évènement exceptionnel, qui représente quand même 1 % des arrêts cardiaques masculins. Le design nécessairement rétrospectif de cette étude, et qui n’évalue pas le comportement sexuel des sujets, ne permet certainement pas d’évaluer le poids de l’activité sexuelle sur le risque d’arrêt cardiaque. Il parait en tout cas impossible, sur la base de cette étude, de totalement rassurer les sujets à risque qui s’interrogeraient sur la dangerosité du sexe comme l'on fait plusieurs commentateurs pressés. 

Dr Alexandre Haroche

Références
1. Aro, A. et coll. Sexual Activity as a Trigger for Sudden Cardiac Death. Congrès de l'American Heart Association (Anaheim) : 11 au 15 novembre 2017

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Vos réactions (1)

  • Des chiffres et des lettres

    Le 16 novembre 2017

    0,7 % des évènements, à l'acte ou dans l'heure suivant l'acte, ça veut dire à considérer que l'acte a une durée négligeable sur 24 heures qu'un évènement de ce type a lieu tous les 6 jours. Donc si vous avez des rapports plus fréquents qu'une fois tous les 6 jours, vous êtes statistiquement dans une relation d'association avec moins d'accident cardiaque que cette cohorte.

    La question est donc, passez-vous plus de 0,7% de votre temps (heure suivante comprise) à avoir des rapports sexuels ?
    Si oui, il pourrait être intéressant de rechercher un lien causal de protection cardio-vasculaire de cette activité physique (ce qui me semble avoir été déjà démontré sur l'espérance de vie).

    Dr PS

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