La parentalité face au numérique

Eduquer les enfants au monde virtuel est la nouvelle mission des parents face aux outils numériques (1).

La cassure numérique passe désormais entre les générations, c’est-à-dire entre les parents qui manient des objets réels, et leurs enfants qui manient des objets virtuels. Les parents (ceux nés avant 1980) « qui ne sont pas nés avec Internet sont des Digital immigrants, alors que leurs enfants nés avec internet sont des Digital natives ». Pour les parents ce sont des mut@nts. »

Plus de la moitié des collégiens passent 35 heures/semaine devant internet, contre 27 heures/semaine de cours au collège. L’addiction aux réseaux sociaux représente de ce fait un danger réel. En outre, moins d’un parent sur deux sait ce que fait son enfant sur Internet.

Accompagner pour protéger

Pour les adolescents, le virtuel est sans danger car ce n’est pas la vraie vie. Télécharger illégalement un film sur internet, n’est pas du vol car c’est du virtuel alors que voler un CD dans un magasin est du vol. Distinguer le réel et le virtuel est ainsi problématique.

Alors que tous les parents accompagnent leurs enfants dans et vers le monde réel, il n’existe pas d’accompagnement vers le monde virtuel. Et pourtant, utiliser le numérique s’apprend. La génération actuelle qui pense être maître du numérique est pourtant bien inconsciente des dangers auxquels elle est exposée : images hyperviolentes et pornographiques (première exposition parfois dès 10 ans, il existe même des simulateurs de viols !), tentation au piratage (cybercriminalité), cyberdépendance, arnaque sur les réseaux sociaux, mémoire totale et longue d’internet de l’image des utilisateurs (qui peut réserver de très mauvaise surprise notamment lors d’un entretien d’embauche)... Sur le net, rien ne s’efface, il faut donc expliquer aux ados pourquoi ils ne doivent pas s’y exposer.  Quant aux casques tridimensionnels, ils augmentent encore le flou entre réel et virtuel.

Un piratage ne prend que quelques secondes

Tous les comptes (Facebook,  Instagram, Snapchat, Twitter etc.) peuvent être piratés en quelques secondes par un hacker, l’ensemble du contenu du compte peut alors être rendu publique. Chaque enfant doit ainsi être informé que sa vie et ses photos et vidéos ne sont pas protégées sur Internet et qu’il importe donc de savoir s’en servir.
 
Les conférences pédagogiques que Stéphane Blocquaux propose dans les collèges sont particulièrement précieuses pour que les ados prennent conscience des réels dangers qui les guettent. Stéphane Blocquaux propose également des conférences sur le même thème, mais cette fois destinées aux parents.

Pour protéger leurs enfants, explique Stéphane Blocquaux, il est nécessaire que les parents s’intéressent aux outils numériques de leurs enfants, les connaissent et les maîtrisent (ce n’est pas simple et cela demande du temps). Oui la parentalité numérique demande un investissement.

Plus simplement, Stéphane Blocquaux propose par exemple aux parents de jouer aux jeux numériques avec leurs enfants. Les parents deviennent ainsi numériquement crédibles et légitimes. Le dialogue peut ainsi s’instaurer.
 
Ce que conseille Stéphane Blocquaux est « de passer un Contrat Éducatif Numérique avec ses enfants dès 8 ans, qui précise quel usage ils font de l’ordinateur, et le temps qu’ils y passent. »

Débrancher la prise peut tenter de nombreux parents. Ce serait une erreur, ce geste étant à la fois une source d’incompréhension, perçu comme violent, et source de conflits.
 
Il est par ailleurs possible de contrôler l’accès à internet sauf pour les smartphones.

Par exemple, grâce au programme Youseemi qui mesure la E-réputation, il est possible de savoir quelles pages ont été visitées (généralement illégalement) et les surprises peuvent être grandes. Les parents peuvent intervenir à distance sur l’ordinateur de leur enfant via des logiciels spécifiques. La box peut également être réglée pour en contrôler l’accès, il suffit pour cela de taper sur votre navigateur « contrôler les accès internet depuis ma box ».
 

Dr Emmanuel Cuzin

Références
Blocquaux S : Les jeunes, Internet et les mondes virtuels : quels impacts identitaires ? Conférence du 8 avril 2019. Paris. http://www.blocquaux.fr

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