Une étude cas-témoins suédoise récente ne permet pas d'en savoir plus sur ce point, mais elle va tout de même dans le sens des hypothèses précédentes. Elle a inclus au total 715 cas de PR (de diagnostic récent dans 293 cas qui constituent un sous-groupe à part) et 2205 témoins appariés selon l'âge et les antécédents de tabagisme.
La comparaison des 2 groupes par le biais d'une analyse multivariée de type régression logistique multiple a permis de calculer les risques relatifs logistiques (RRL) de PR en fonction du métier exercé au cours des 20 années qui ont précédé l'inclusion dans l'étude. Le calcul a été effectué dans le sous-groupe des PR récentes et l'ensemble des cas de PR, de sorte que 2 valeurs sont systématiquement données.
Chez les hommes, ces RRL varient selon la profession :
1) conducteurs d'engin et transporteurs routiers : respectivement 16,4 (Intervalle de Confiance à 95 % : 1,5-179,8) et 5,4 (IC : 1,5-18,5) ;
2) travailleurs affectés au traitement automatique des données : 10,2 (IC : 1,2-86,7) et 3,3 (IC : 0,6-16,8);
3) électriciens et électromécaniciens : respectivement 3,5 (IC : 1,3-9,6) et 1,7 (0,8-3,5) ;
4) fermiers et ouvriers agricoles : 2,5 (IC : 1,2-5,3) et 2,7 (IC : 1,6-4,5) ;
5) travailleurs du secteur papier et de la pâte à papier : 2,4 (IC : 0,5-12,1) et 3,7 (IC : 1,0-13,6).
Les RRL varient aussi, chez les sujets de sexe masculin, en fonction de l'exposition à diverses nuisances : 1) amiante : 2,7 (IC : 1,0-7,0) et 1,6 (IC : 0,8-3,5); 2) vibrations : 2,0 (IC : 0,9-4,3) et 2,4 (IC : 1,3-4,1) ; 3) poussières minérales : 1,9 (IC : 0,6-5,4) et 2,0 (IC, : 0,9-4,4) ; 4) poussières organiques : 1,9 (IC : 0,8-4,3) et 1,5 (IC : 0,8-2,6).
Chez les femmes, les RRL varient également selon la profession :
1) employées de la poste et du téléphone : 2,0 (IC : 0,6-11,9) et 1,7 (IC : 0,9-3,1) ;
2) employées dans la boucherie : 2,7 (IC : 0,6-11,9) et 2,6 (IC : 1,0-6,5).
Dans certaines professions, les effectifs sont trop peu nombreux pour permettre une analyse des données par sous-groupes et les résultats sont donc exprimés sous la forme d'une valeur unique qui correspond à celle calculée dans l'ensemble du groupe , d'abord pour les hommes : 1) affectés aux travaux de bitumage : 5,6 (IC : 0,5-64,0) ; 2) travailleurs du textile : 3,8 (IC : 1,0-14,9) ; 3) minotiers et boulangers : 1,6 (IC : 0,2-10,1) ; 4). Pour les femmes, les métiers «à risque » seraient du domaine de la coiffure et de l'esthétique, le RRL correspondant étant de 1,8 (IC : 0,7-4,3).
Cette étude cas-témoins de grande envergure ne saurait prétendre établir le moindre lien de causalité entre professions et risque de PR. Elle suggère néanmoins que les facteurs professionnels joueraient un rôle plus important chez l'homme que chez la femme.
L'inhalation de certains agents antigéniques (ou non) s'associe à la PR selon des mécanismes qui restent à préciser. Les colorants utilisés dans la coiffure, tout autant que les poussières minérales figurent parmi les suspects, mais la liste reste ouverte...
Dr Vanessa Flanchet
Olsson AR et coll. Occupations and occupational exposures as risk factors for rheumatoid arthritis. EULAR 2002. Stockholm; 12-15 juin 2002. © Copyright Jim Online 2002.