Afin d’évaluer la prévalence du déficit en vitamine D au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) et d’analyser ses rapport avec l’activité du rhumatisme et les facteurs de risque cardio-vasculaires, les malades ayant une PR établie de l’étude COMEDRA et des sujets de la cohorte Nutrinet-Santé ont été appariés sur le sexe, l’âge, la latitude et la saison de prélèvement sanguin. Les résultats montrent une prévalence plus faible d’insuffisance (taux entre 10 et 29,9 ng/ml) et de carence (taux < 10 ng/ml) en vitamine D chez les patients comparativement aux témoins : respectivement 55,8 % versus 59 % (p = 0,04) et 3,6 % versus 5,23 % (p = 0,04). Ce premier résultat pourrait suggérer que les malades atteints de PR reçoivent plus souvent une supplémentation en vitamine D. De plus, l’analyse univariée a trouvé une corrélation inverse entre les niveaux de vitamine D et l’activité de la maladie, définie par le DAS28-CRP, ce qui a été confirmé par l’analyse multivariée tenant compte de l’âge, du sexe, de la saison d’inclusion, de l’indice de masse corporelle, de la séropositivité de la PR , de sa durée et ses traitements. En revanche, s’il y avait une corrélation inverse entre taux de vitamine D et indice de masse corporelle, ce n’était pas le cas avec les autres facteurs de risque cardio-vasculaire comme la pression artérielle, le cholestérol total le LDL-cholestérol et le HDL-cholestérol ou la présence d’un diabète.
Mais les effets de la vitamine D et de la parathormone (PTH) vont bien au-delà du tissu osseux. Dans un essai prospectif qui a inclus 462 femmes ménopausées ayant un cancer du sein exprimant les récepteurs aux estrogènes, sans métastases au début et suivies pendant 5±1,5 ans, plusieurs analyses susceptibles d’influer sur l’évolution ont été prises en compte. Les facteurs associés de façon indépendante au risque de rechute était la taille de la tumeur (HR = 1,40, p = 0,043), l’envahissement ganglionnaire (HR = 2,34, p = 0,007), l’absence d’expression des récepteurs à la progestérone (HR = 2,27, p = 0,023), et aussi une concentration basse en vitamine D (HR = 2,70, p < 0,05) et une concentration élevée en PTH (HR = 1,97, p < 0,05). De la même façon, les facteurs significativement associés au risque de décès étaient l’âge (HR = 1,06, p = 0,004), l’absence d’expression des récepteurs à la progestérone (HR = 2,20, p = 0,023) et la concentration basse en vitamine D (HR+2,43, p = 0,032). On distingue ainsi, en fonction des taux de vitamine D et de PTH : un pronostic favorable (risque de rechute = 4,9 %) en cas de concentration élevée de vitamine D (82,9 nmol/l en moyenne), intermédiaire (risque de rechute =12,8 %) en cas de vitamine D basse avec PTH normale, et moins favorable (risque de rechute = 20,7 %), chez les malades ayant un taux bas de vitamine D et une hyperparathyroïdie secondaire (PTH à 63,5 pg/ml en moyenne).
Dr Patricia Thelliez