La sexualité chez les patients cancéreux

Eurocancer – Paris. L'espérance de vie des patients atteints de cancer leur permet aujourd'hui de renouer avec une sexualité souvent perturbée, physiquement et psychiquement, par le diagnostic et les effets des traitements anti-cancéreux, chirurgicaux et adjuvants.

 

Les traitements chirurgicaux peuvent entraîner des modifications de l'image corporelle comme la mastectomie dans les cancers du sein, les interventions pelviennes dans les cancers de l'utérus et de l'ovaire ou l'orchidectomie dans les cancers du testicule. Ils peuvent également être responsables d'une atteinte organique, comme les dysfonctionnements érectiles qui surviennent dans 40 à 75% des cas après prostatectomie.

 

La chimiothérapie pour sa part peut interférer avec la fonction sexuelle de différentes façons : par le biais de la toxicité neurologique du platine ou de la vincristine, mais aussi par une baisse de l’estime de soi liée à l’asthénie, l’alopécie et l’amaigrissement, ou encore du fait de lésions gonadiques irréversibles dues aux alkylants et pouvant aller jusqu’à la stérilité. Le risque de ménopause précoce est un sujet d’inquiétude majeur pour les femmes et il augmente avec l’âge (76 % après 40 ans en cas de polychimiothérapie de type CMF ou FEC).

 L’hormonothérapie peut provoquer chez la femme de façon variable des bouffées de chaleur, une prise de poids, une sécheresse vaginale et une baisse du désir sexuel. Chez l’homme les agonistes de la GnRH sont à l’origine d’un déclin de la libido, indépendamment de toute autre cause de dysfonctionnement.

 

Les troubles de la sexualité chez les patients cancéreux sont multiples et justifient une approche thérapeutique adaptée. Les traitements pharmacologiques des troubles organiques regroupent les inhibiteurs de phosphodiestérases et les injections intra-caverneuses de prostaglandines chez l’homme, et des topiques vaginaux chez la femme. Les traitements mécaniques sont plus rares, à type de dilatateurs vaginaux après radiothérapie ou de prothèses péniennes. Les difficultés d’ordre psychologique bénéficient d’un recours à un sexologue ou un psychothérapeute.

 

Les patients doivent aussi être informés des risques pour leur fertilité et des possibilités de conservation de sperme ou de préservation ovarienne. A l’inverse se pose parfois le problème de la découverte d’un cancer au cours d’une grossesse (environ 1 cas sur 10 000) : la gestion médicale doit être multidisciplinaire et tenir compte du désir maternel.

Dr Odile Biechler

Référence
Deberne M : « Sexualité et cancer. » Eurocancer (Paris) : 27-29 juin 2006.

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