
Paris, le samedi 10 décembre 2016 – « Jamais la première fois avec un patient ». C’est un mantra qui s’est imposé aux Etats-Unis et qui est religieusement répété aux étudiants en médecine. Longtemps, en France, ce dogme a été considéré comme difficile à mettre en œuvre. La simulation médicale peinait à s’allier avec une philosophie pédagogique s’appuyant sur le compagnonnage et l’expérience des maîtres. Pourtant, peu à peu la France rattrape son retard, non sans un certain brio, comme l’illustre le centre de simulation dévoilé à Amiens cette semaine.
Des espaces de simulation très variés
Si son inauguration officielle remonte au 5 décembre, SimUSanté, installé au cœur du CHU d’Amiens, fonctionne depuis le début de l’année. En près d’un an, il a accueilli 8 000 professionnels de santé, étudiants mais aussi praticiens confirmés. Ses atouts sont nombreux. SimUSanté n’est en effet pas une salle de simulation classique équipée de quelques robots ou permettant la réalisation de "jeux de rôle". C’est une véritable plateforme s’étalant sur 4 000 mètres carrés et proposant 51 espaces de simulation différents. On peut ainsi passer du cabinet médical au bloc opératoire en traversant une ambulance et même un hélicoptère sanitaire, sans oublier la salle de naissance ou de réanimation !
Comme dans un hélicoptère
Grâce à de nombreux soutiens, SimUSanté est en outre doté d’outils révolutionnaires. L’espace dispose notamment du seul scanner pédagogique de France. Plus spectaculaire encore, il propose un espace de formation aéro-médicale depuis quelques semaines. Quasiment unique en Europe, ce module permet aux étudiants et stagiaires de prendre place au sein d’une véritable cellule d’hélicoptère grâce à un don réalisé par la Fondation Airbus-Helicopters. En son sein, les conditions d’un transport médical héliporté sont parfaitement reproduites. « L’espace est réduit dans un hélicoptère, donc pour l’élève ou le stagiaire, il s’agit de trouver sa place et d’apprendre à bouger et à se placer le mieux possible par rapport à son patient. De même, ils travaillent sous casques, ce qui permet de reproduire le bruit que l’on entend lorsqu’on embarque en hélico et de leur montrer à quel point cela peut être très compliqué d’échanger avec son patient dans de telles conditions », explique le Dr Boyer urgentiste et formateur au courrier Picard. Petit plus, l’espace est équipé d’une unité mobile d’assistance circulatoire.
Tester des nouveaux outils
Autre innovation récente proposée par SimUSanté une cellule sanitaire d’ambulance de réanimation. Cette dernière a été mise en place dans le cadre d’un travail de recherche avec l’institut d’ingénierie en santé de l’université de Picardie Jules-Verne.
Le dernier joyau de SimUSanté réside enfin dans la possibilité
de tester au sein du centre Rosa, robot chirurgical de dernière
technologie. D’autres outils techniques sont attendus, tel un
simulateur en chirurgie maxillo-faciale. S’adressant donc tant aux
étudiants afin qu’ils perfectionnent leur geste dans un cadre moins
anxiogène qu’auprès des patients qu’aux professionnels confirmés
pour qu’ils puissent s’approprier les nouvelles technologies,
SimUSanté rencontre depuis son ouverture un important succès qui
n’étonne guère ses responsables. « Nous savions que SimUSanté
aurait du succès. C'est aussi un moyen pour des industriels de
présenter leurs nouveautés et de les tester » observe dans le
Parisien Carole Amsallem, responsable pédagogique.
Aurélie Haroche