L’étude CHAMPION (Pressure to Improve Outcomes in New York Heart Association [NYHA] Class III Heart Failure Patients) prospective, multicentrique, à groupes parallèles, menée en simple aveugle, a testé l’hypothèse selon laquelle le traitement de l’insuffisance cardiaque (IC) guidé par la surveillance de la pression artérielle pulmonaire au moyen d’un système implantable de monitorage sans fil (CardioMEMS™ Heart Failure System, St Jude Medical Inc, Atlanta, GA, USA) diminuerait davantage la fréquence des ré-hospitalisations qu'un suivi basé sur la seule clinique.
Les participants inclus étaient en classe fonctionnelle NYHA III et devaient avoir déjà été hospitalisés. Avant randomisation, ils ont tous bénéficié d’un cathétérisme droit et de l’implantation du dispositif de mesure des pressions pulmonaires. Après randomisation (1:1), ils ont été assignés soit au groupe "intervention" dans lequel une mesure journalière des pressions pulmonaires servait à guider le traitement médical, soit au groupe contrôle dans lequel les cliniciens ne disposaient pas des données hémodynamiques.
Les patients sont restés dans l’ignorance de leur groupe de randomisation pendant en moyenne 18 mois (période d'accès randomisé). Pendant cette période, les patients du groupe intervention étaient traités médicalement en tenant compte de l’hémodynamique artérielle pulmonaire ; les patients du groupe contrôle bénéficiaient des soins médicaux usuels.
Au terme de la période d’accès randomisé, les investigateurs ont eu accès aux données hémodynamiques de tous les patients pendant en moyenne 13 mois (période d’accès ouvert).
Moins de ré-hospitalisations
Les résultats déjà publiés du suivi à 6 mois, avaient montré la supériorité du traitement guidé par le monitorage de l’hémodynamique en termes d’efficacité et de sécurité d’emploi et ce, dans tous les sous-groupes pré-spécifiés et notamment dans celui des IC à fonction ventriculaire gauche préservée. Ainsi, à 6 mois, le taux de ré-hospitalisations pour IC avait diminué de 28 % dans le groupe traitement guidé par la surveillance des pressions pulmonaires, comparé au groupe traitement guidé par la seule clinique (0,32 évènements vs 0,44).
Abraham et coll. rapportent aujourd’hui les résultats du suivi complet de l’étude.
Le critère principal de jugement de l'étude était la différence du taux de ré-hospitalisations entre les 2 groupes, tant durant les périodes d’accès randomisé que d’accès ouvert.
Entre 2007 et 2009, 550 patients ont été randomisés et assignés au groupe traitement (n=270) ou au groupe contrôle (n=280). 347 patients (respectivement 177 et 170 de ces groupes) ont achevé la période d’accès randomisé en 2010 et ont accédé à la période d’accès ouvert qui s’est terminée en 2012.
Pendant la période d’accès randomisé, le taux de ré-hospitalisations pour IC a diminué de 33 % (hazard ratio [HR] 0,67 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % [0,55-0,80]; p<0,0001) dans le groupe intervention comparé au groupe contrôle. Pendant la période d’accès ouvert (en moyenne 13 mois) durant laquelle les données hémodynamiques étaient devenues accessibles pour tous les patients, le taux de ré-hospitalisations pour IC a diminué de 48 % (HR 0,52 ; IC: 0,40-0,69; p<0,0001) dans le précédent groupe contrôle par rapport à ce qu’il était dans ce groupe pendant la période d’accès randomisé.
Il a été noté 8 (1 %) complications liés au dispositif implanté et 7 (1 %) événements liés à son implantation.
Il apparait donc que le traitement de l’IC en classe fonctionnelle NYHA III, guidé par la valeur des pressions pulmonaires mesurée par un capteur implanté est bénéfique à long terme car il réduit significativement le taux des ré-hospitalisations pour IC.
Dr Robert Haïat