La transmission mère-enfant d’Omicron : fréquente mais bénigne

La transmission mère-enfant (TME) du SARS-CoV-2 est principalement postnatale. Sa fréquence est de 1 % à 2 %. Elle se fait par voie respiratoire (gouttelettes et aérosols), le lait maternel ne contenant pas de virus, et elle est rarement à l’origine d’atteintes sévères. En postpartum, une accouchée infectée doit être isolée avec son nouveau-né et respecter les mesures d’hygiène recommandées.

Il n’est pas justifié de séparer le nouveau-né de sa mère - sauf raisons médicales - ni d’interdire l’allaitement. Ces données et cette conduite à tenir ont été établies les deux premières années de la pandémie de Covid-19. Cependant, depuis fin 2021, le variant Omicron a supplanté les variants alpha et delta en Europe et il est bien plus contagieux que ses prédécesseurs (R0 estimé entre 13 et 18).

Une étude prospective en Italie

Une étude de cohorte, prospective et multicentrique, réalisée en Italie, réévalue la fréquence de la TME du SARS-CoV-2 et la sévérité des Covid-19 néonatales au début de l’année 2022, une période cours de laquelle au moins 90 % des virus séquencés étaient des variants Omicron.

Du 5 janvier au 15 mars 2022, 366 mères positives au SARS-CoV-2 à l’accouchement (95 % des cas) ou dans les 2 premiers jours postpartum (5 %) ont été isolées avec leurs nouveau-nés (n = 368) dans 10 centres périnataux de Lombardie. Trois quarts des mères avaient accouché par voie basse. Plus de 50 % avaient reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19, et 83 % étaient asymptomatiques. Les nouveau-nés avaient un terme ≥34 semaines, un poids ≥2 kg ; ils étaient en bon état à la naissance. Ils ont subi une recherche de virus dans un prélèvement nasopharyngé dans les 24 heures suivant le diagnostic maternel, 24 à 72h plus tard et à la sortie de maternité, et ils ont été suivis le 1er mois de vie, avec des recherches de virus à J10-15 et J20-25. Pendant l’hospitalisation les mesures d’hygiène ont été strictement appliquées, les visites interdites. A la sortie, 92 % des enfants étaient allaités.

Il y a eu 38 contaminations néonatales par le SARS-CoV-2 au cours du premier mois de vie :

- une contamination in utero (recherche de virus positive à J1, confirmée),

- 37 contaminations postnatales, dont 19 à l’hôpital et 18 à domicile.

Le taux de TME in utero est de 0,3 % (1/365). Le taux de TME postnatale est de 12,1 % (37 des 306 nouveau-nés ayant eu trois prélèvements à l’hôpital), mais il est peut-être surestimé, des enfants ayant été probablement contaminés au domicile par d’autres personnes que leur mère (la plupart des contaminations à domicile sont contemporaines du pic d’infections par Omicron en Italie). Le taux de TME pendant l’isolement dans la chambre partagée avec la mère est de 6,2 % (19/306).

Parmi les 38 enfants contaminés, 37 sont restés asymptomatiques, un a présenté une rhinite.

L’absence de séquençage des virus détectés dans les prélèvements nasopharyngés est la principale limitation de cette étude.

En conclusion, en période de circulation quasi exclusive du variant Omicron la TME est beaucoup plus élevée qu’auparavant : 12 % le premier mois de vie, dont environ une moitié pendant le partage de chambre à l’hôpital et une moitié à domicile. En revanche, l’infection néonatale n’est pas plus sévère. Les auteurs encouragent l’isolement postpartum des couples mère-enfant dont la mère est infectée par le SARS-CoV-2.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Pietrasanta C et al. Early postnatal infection of neonates born to mothers infected by SARS-CoV-2 Omicron variant. Pediatrics. 2023 Nov 1;152(5):e2023062702. doi: 10.1542/peds.2023-062702

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