Paris, le samedi 10 avril 2021 - C’est un petit miracle
français. Dans un pays où la défiance règne vis-à-vis des vaccins,
leurs côtes de popularité a connu une véritable envolée. En
décembre 2020, 42 % des Français indiquaient être favorables à la
vaccination contre la Covid-19. Un chiffre passé à 56 % en janvier
et 61 % en février. Désormais, ils sont plus de 70 % à vouloir
franchir le pas et à recevoir la précieuse injection contre le
Sars-Cov-2 (avec une nette préférence pour le vaccin
Pfizer-BioNtech).
La stratégie d’effacement du gouvernement durant les premiers
mois de la campagne de vaccination semble avoir, du moins sur cet
aspect, porté ses fruits. Les mauvaises langues privilégieront sans
doute cette boutade nait à l’étranger : « comment faire pour
convaincre un français de se faire vacciner ? Dites-lui qu’il n’y
aura pas droit ».
Mais voilà, si le vaccin possède désormais une côte d’amour à
faire pâlir d’envie n’importe quel homme politique, son taux
d’approbation de 70 % pourrait bien se révéler insuffisant. Selon
l'Institut Pasteur, il faudrait en effet que 90 % de la population
adulte soit vaccinée contre la Covid-19 pour "que le nombre
d’hospitalisations ne dépasse pas 1000 admissions journalières".
Une couverture qui n’a jamais été obtenue au sein de la population
adulte pour un vaccin non obligatoire.
La question se pose : le gouvernement pourrait-il simplement
franchir le pas et le rendre obligatoire ? Un arrêt rendu par la
Cour Européenne des Droits de l’Homme jeudi 8 avril est de nature à
donner aux autorités sanitaires françaises un argument juridique de
poids.
Une procédure contre la vaccination obligatoire en
Tchéquie
L’affaire qui nous intéresse mettait en cause les dispositions
de la loi tchèque. En République tchèque, la loi sur la protection
de la santé publique prévoit que les manquements à l’obligation de
vaccination des mineurs rendent les parents passibles de poursuites
pénales, étant précisé que les établissements de garderie
accueillants des enfants de moins de trois ans ne peuvent accepter
que les enfants qui ont reçu les vaccins requis. Les vaccins
obligatoires sont notamment les vaccins contre la diphtérie,
l’hépatite B, la rougeole, les oreillons, la rubéole ainsi que
l’Haemophilus influenzae de type B.
Cinq requêtes ont été introduites par des parents d’enfants qui
n’avaient pas été admis à l’école maternelle faute d’avoir été
vaccinés. Pour les requérants, les dispositions de la loi tchèque
représentaient une atteinte au droit au respect de la vie privée,
garantie par l’article 8 de la Convention.
Pour la Cour, une atteinte proportionnée
Dans son arrêt la Grande Chambre de la CEDH considère que
l’obligation vaccinale ne constitue pas une violation des
dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme sur
le « droit au respect de la vie privée ». « La politique
de vaccination poursuit les objectifs légitimes de protection de la
santé ainsi que des droits d’autrui, en ce qu’elle protège à la
fois ceux qui reçoivent les vaccins en question et ceux qui ne
peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales »,
indique notamment l’arrêt. Ces derniers, relève la cour, sont «
tributaires de l’immunité collective pour se protéger contre les
maladies graves contagieuses en cause ». Une position
relativement proche de celle défendue par le Conseil
Constitutionnel français.
Pour justifier cette décision, la Cour rappelle que, bien que
totalement sûrs pour la grande majorité des patients, les vaccins
peuvent dans de rares cas s’avérer néfastes pour les individus. Dès
lors, et compte tenu de ce risque très rare, il est nécessaire pour
les autorités de « prendre les précautions qui s’imposent avant
la vaccination ».
Vaccination obligatoire, mais pas de vaccination forcée
Une subtilité mérite d’être soulignée. La Cour rappelle que si
la vaccination est rendue obligatoire par la loi « il n’est pas
possible d’en imposer directement l’observation, aucune disposition
ne permettant d’administrer un vaccin par force ». De ce point
de vue, il y a lieu de rappeler que dans d’autres arrêts, la Cour a
eu l’occasion de rappeler qu’un traitement médical non volontaire
pouvait constituer une « ingérence injustifiée dans le droit à
l’intégrité physique et morale de la personne ».
Dans le cas tchèque, le caractère obligatoire de la vaccination est
à relativiser puisque aucun vaccin n’est administré par la force
contre la volonté d’un patient. L’obligation se traduit dans le cas
tchèque par une amende et la non-admission à l’école maternelle…
levée dès l’école élémentaire puisque la scolarisation est alors
obligatoire. La perte de chance pour ces enfants en matière de
développement de leur personnalité et d’apprentissage est donc «
limitée dans le temps ».
On ne doit pas confondre la cote, et la côte, que l’on soit marin, médecin, menuisier ou amateur d’œuvres d’art... Notre langue française est belle et précise, il convient de lui garder ses qualités, même dans un article très bien écrit. Dans le fait de changer d’avis sur les vaccins, il y a la nécessité de bien informer, des avantages comme des risques. Il y a aussi l’effet troupeau, malheureusement ou heureusement ; passées au centre de vaccination les premières personnes de son entourage, chacun souhaite les imiter, peut-être par désir mimétique, ou réflexe de protection plus ou moins réfléchi...
Dr Bernard Dumas
Qu'est-ce qui pousse à se faire vacciner?
Le 11 avril 2021
Jusqu'à il y a peu de temps, on était en droit de se demander ce qu'il adviendrait du vaccin Pfizer dont le transport et la conservation sont si difficiles. Il était légitime de se dire que l'AstraZeneca, plus facile à utiliser risquait de le supplanter.
Or: -d'une part le spectre du passeport vaccinal (et en corollaire une quasi obligation vaccinale) rôde et, -d'autre part, on n'a pas forcément envie d'être obligé de se faire manipuler le génome par un vaccin à ADN.
Si au moins, on était sûr que le Novavax arrive, on attendrait mais arrivera t-il? Les vaccins à ADN ne resteront-ils pas les seuls sur le marché?
Donc, de deux maux, choisissons le moindre et faisons nous vacciner par Pfizer même si nous ne sommes pas entièrement convaincus de l'innocuité de l'ARN Messager.
Voilà peut-être pourquoi la crainte de l'AstraZeneca a fait que les gens se ruent sur le Pfizer.
Heureusement, l'AstraZeneca est inefficace contre le variant Sud-Africain et en plus, il est boudé à cause de quelques problèmes de coagulation. Le Pfizer a donc un peu de répit et nous aussi.