Les auteurs de cette étude ont souhaité examiner l'association entre le taux de 25-OH vitamine D (25-OHD) sérique et le risque de décès chez les personnes âgées, association pour laquelle ont été rapportés plusieurs résultats contradictoires.
Ce travail a été effectué à partir des données de la cohorte suédoise MrOS (ostéoporotic fractures in men).
L'étude a évalué 3 014 hommes âgés de 70 à 80 ans sélectionnés de façon aléatoire dans la population générale. Les données recueillies incluaient l’état général du malade, le mode de vie, la masse osseuse au col du fémur évaluée par la DMO et le dosage de 25-OHD.
Le taux sérique moyen de 25-OHD dans la cohorte était de 69,7 nmol/l (environ 22 ng/ml) et 2 % des sujets avaient un taux de 25-OHD inférieur à 30 nmol/l (12 ng/ml). Le suivi moyen était de 4,5 ans, au cours duquel, 382 hommes sont morts. Un niveau bas de VitD sérique était associé à une mortalité accrue. Le gradient de risque (GR) était de 1,28 (intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,15 à 1,43) pour une baisse de 1 déviation standard du taux de 25-OHD. Pour les décès d'origine cardiovasculaire, le GR était de 1,25 (IC95 de 1,04 à 1,50) et pour les décès par cancer, le GR était de 1,33 (IC95 de 1,11 à 1,59). On retrouvait aussi comme facteurs de risque de mortalité significatifs en analyse univariée, le tabagisme (actuel), l’état de santé général, une polymédication, la DMO et les comorbidités (cancer, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde et angine de poitrine).
En analyse multivariée, un taux faible de 25-OHD était significativement associé à une mortalité accrue (GR de 1,20 ; IC95 de 1,07 à 1,34) et était indépendant des ajustements pour ATCD de cancer, angine de poitrine, diabète, DMO et pression artérielle systolique.
Le rapport entre taux de vitamine D et mortalité n’était pas linéaire et il semblait y avoir une valeur seuil de 25-OHD au dessus de laquelle la survie n’était pas améliorée (77 nmol/l).
Augmenter les niveaux de 25-OHD à 77 nmol/l diminuerait l'ensemble de la mortalité de 19 % et augmenterait en moyenne la durée de vie de 120 jours dans les 10 ans.
Cette étude montre qu’un taux faible de 25-OHD est associé à un sur risque de décès, indépendamment de toute comorbidité. Corriger l’insuffisance en vitamine D par des méthodes nutritionnelles adaptées (supplémentation suffisante) améliorerait la survie.
Dr Juliette Lasoudris Laloux