Les récompenses (aliments, eau, sexe, amour, musique...) sont nécessaires à la survie de l’espèce. Le plaisir qu’elles procurent induit un « renforcement positif » cérébral qui nous incite à les rechercher à nouveau. Quatre circuits cérébraux (récompense, motivation, mémoire et contrôle inhibiteur) sont alors activés et se contrôlent mutuellement. Ces mêmes circuits se désynchronisent dans les phénomènes addictifs avec hyperstimulation des 2 circuits récompense et mémoire, entretenant l’hyperconsommation sans contrôle.
Les comportements sexuels excessifs concernent 2 à 6 % des français. Le ratio hommes/femme tourne autour de 5 pour 1. L’addiction sexuelle proprement dite se caractérise par une envie irrépressible (ou « craving ») d’activités sexuelles répétées (et secrètes…) malgré les conséquences physiques ou émotionnelles. Elle altère significativement la vie personnelle et sociale du patient par la fréquence et/ou l’intensité des comportements sexuels compulsifs et entraine toujours honte et culpabilité. Elle n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance exogène et s’associe dans tous les cas à une perte de contrôle de ses fantasmes, envies ou activités sexuelles et à une perte de temps significative pour les satisfaire ou les planifier.
Pathologie véritable faisant l’objet de publications scientifiques et de recherche clinique, l’addiction sexuelle doit être prise en charge de façon codifiée. Les formes cliniques en sont multiples : masturbation et relations sexuelles bien sûr, mais aussi Internet, pornographie, cyber- (webcam) et phone sexe, clubs/saunas/backrooms ou, plus simplement, séduction compulsive, sites de rencontre, réseaux sociaux... Les usages de produits en contexte sexuel (chemsex, slam, …) sont des pratiques plus récentes. L’outil P.E.A.C.C.E. permet de détecter l’addiction sexuelle, puis une évaluation clinique complète est réalisée. L’approche thérapeutique passe par une thérapie cognitive et comportementale (TCC) souvent associée à des antidépresseurs. Il conviendra dans tous les cas de guider le patient vers une réduction des risques associés à ses comportements (IST…) et l’aider à acquérir un nouveau répertoire social.
Dr Catherine Azoulay