
Pékin, le samedi 29 janvier 2022 – Le biathlète et fondeur
Benjamin Daviet a été nommé porte-drapeau de l’équipe de France aux
Jeux Paralympiques d’hiver de Pékin de mars prochain. En quelques
minutes, c’est une vie qui bascule. Un jour de 2006, Benjamin
Daviet, 17 ans, est victime d’un banal accident de scooter. Son
condyle est cassé. Lors de l’opération, l’adolescent est contaminé
par un staphylocoque doré et perd l’usage de son genou gauche,
définitivement bloqué. Le rêve du jeune homme d’intégrer l’armée
est brisé.
La découverte du ski nordique va permettre à Benjamin Daviet
de braver son nouvel handicap. « Je recherchais un sport où il y
a de l’effort physique, du dépassement de soi et je voulais être
sur la neige » expliquait-il en 2016. Rapidement, le Savoyard
devient l’un des meilleurs « fondeurs » dans la catégorie
LW2, qui regroupe les athlètes amputés ou paralysé d’une jambe (en
handisport, les athlètes sont regroupés en fonction de leur
handicap). Mais particularité de Daviet, il excelle dans deux
disciplines : le ski de fond donc, mais aussi le biathlon, sport
d’origine militaire qui combine le tir et le ski.
Trois médailles d’or, une médaille d’argent et une médaille de bronze
A peine trois ans après sa découverte du ski, Benjamin Daviet
participe à ses premiers Jeux paralympiques, en 2014 à Sotchi en
Russie (il y décroche une médaille de bronze en relais de ski de
fond). Mais c’est en 2018, aux Jeux de Pyeongchang en Corée du Sud,
qu’il se révèle au plus haut niveau. Il apporte à la France 3
médailles d’or, une en ski de fond et deux en biathlon, ainsi
qu’une médaille d’argent. Les Bleus avaient terminé à la 4ème place
du tableau des médailles en grande partie grâce à lui.
C’est donc presque logiquement que Benjamin Daviet a été élu
porte-drapeau de la petite délégation française (ils ne seront que
12 à faire le déplacement) pour les prochains Jeux paralympiques
d’hiver, qui auront lieu à Pékin du 4 au 13 mars prochain. « On se
connait tous très bien, c’est vraiment une famille » explique le
skieur qui, à 32 ans, espère pouvoir « partager son
expérience » avec les athlètes novices. Benjamin Daviet aura
donc l’insigne honneur de prendre la tête de la délégation lors de
la cérémonie d’ouverture du 4 mars prochain, dans le fameux Nid
d’oiseau, le Stade olympique de Pékin.
Des Jeux paralympiques sur fond de Covid-19
Bien sûr, ces Jeux paralympiques de Pékin 2022 auront un gout
particulier, en raison des restrictions liées à l’épidémie de
Covid-19. Les épreuves (qui ne se dérouleront pas à Pékin, mais à
Zhangjiakou, à 200 km de la capitale) seront quasiment à huis clos,
seuls des spectateurs chinois invités pouvant y assister. Tous les
athlètes vivront dans une bulle sanitaire et testés
quotidiennement. Pas de quoi entamer l’enthousiasme décidément
inébranlable du champion français, qui participera à six courses et
espère remporter au moins une médaille d’or, malgré le retour des
skieurs russes, bannis en 2018 et experts du biathlon et du ski de
fond.
Quoi qu’il arrive à Pekin en mars prochain, Benjamin Daviet a
sans doute déjà remporté sa plus belle victoire en 2015, lorsqu’il
a intégré l’équipe de France militaire de ski. « Même si je n’ai
pas pu m’engager dans l’armée en tant que valide, c’est en tant
qu’handi que je la représente aujourd’hui sur chaque podium »
déclarait-il fièrement en 2018. Benjamin Daviet a décidément
l’amour du drapeau chevillé au corps.
Quentin Haroche