Quelques observations de cancers diagnostiqués chez des patients atteints d’arthrite chronique juvénile (ACJ) traitée par biothérapie ont incité une équipe suédoise à rechercher si c’était la maladie ou son traitement qui était en cause dans ces cas.
J F Simard et coll. se sont servis du registre suédois des patients ce qui leur a permis d’identifier 9 055 sujets chez qui un diagnostic d’ACJ a été posé entre 1969 et 2007. Cinq témoins ont été appariés à chaque cas. Les données de ces malades et de ces contrôles ont été croisées avec le registre suédois des cancers et celui des sujets traités par biothérapie ainsi qu’avec l’état civil. Il a été ainsi possible d’évaluer le risque de cancer primitif chez les sujets atteints d’ACJ, mais vierges de toute biothérapie.
Chez ces patients, l’incidence des cancer est apparue globalement similaire à celle de la population générale : 63 néoplasies diagnostiquées au cours de 131 039 personnes années de suivi contre 274 sur 662 659 personnes années chez les témoins, soit une incidence de 0,5/1000 personnes années contre 0,4 pour les témoins (risque relatif = 1,2, avec un intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre 0,9 et 1,6 ; NS). Cependant alors que chez les patients diagnostiqués avant 1987, cette absence de risque était confirmée, chez les sujets pour qui le diagnostic avait été porté après 1987, l’incidence des cancer semblait multipliée par 2,6 avec un IC95 entre 1,3 et 5,1, tandis que la fréquence des néoplasies lymphoprolifératives paraissait multipliée par 3,8 (avec un IC95 entre 1,4 et 9,7). Aucune explication n’a pu être retrouvée pour rendre compte de cette différence en fonction de la date du diagnostic.
Ces résultats hétérogènes issus d’une étude cas témoins (et donc sujets à certains biais) mériteraient d’être confirmés ou infirmés par d’autres travaux. S’ils pouvaient être reproduits, ils impliqueraient que l’ACJ est en elle-même associée à un sur-risque carcinologique, ce qui aurait bien sûr des implications dans l’interprétation des données portant sur des malades sous biothérapies.
Dr Céline Dupin
