Les accidents anaphylactiques dûs au latex sont fréquents chez les patients dont la maladie chronique nécessite des interventions chirurgicales et des soins répétés. Plus curieusement, il semble que l'hypersensibilité immédiate au latex puisse être responsable de l'échec d'une autogreffe.
Chez un garçon asthmatique et atteint de rhume des foins, affligé d'un bec de lièvre intéressant la lèvre, la mâchoire et le palais, trois tentatives de chirurgie reconstructrice à 8, 9 et 11 ans s'étaient soldées par le rejet du greffon. Aucune raison infectieuse ou technique ne permettait d'expliquer ces échecs et l'examen histophathologique du greffon ne montrait rien de particulier. C'est l'allergologue qui a permis que la 4ème tentative soit la bonne.
L'enfant lui a été adressé pour des épisodes d'œdème du visage après les soins dentaires, récidivant malgré les changements d'anesthésiques locaux. Le prick-test au latex provoquait un œdème prolongé de 6 heures. L'application d'un fragment de gant sur l'avant-bras entraînait en 5 minutes la formation d'une plaque d'urticaire. Le RAST au latex montrait un titre très élevé d'IgE spécifiques.
Quel rapport entre allergie aux gants de chirurgiens et rejet du greffon ? Peut-être simplement une majoration de l'œdème post-opératoire qui est un facteur d'échec classique. Toujours est-il que, après 3 échecs, l'exclusion du latex a permis une greffe réussie. Le diagnostic d'allergie aux gants doit désormais être envisagé dans les situations de rejet de greffe inexpliqué.
Abeck D. et coll. : "Latex allergy and repeated grafts rejection". Lancet, 1992 ; 339 : 1609
F. B.