
Genève, le mercredi 4 mai 2022 – Dans un nouveau rapport, l’OMS s’inquiète de la progression de l’obésité et du surpoids en Europe.
C’est un des paradoxes de notre temps. Alors que dans les pays du Sud, on compte encore des centaines de millions de personnes qui souffrent de malnutrition, dans les pays du Nord c’est l’obésité et le surpoids qui progresse. Dans un rapport publié ce mardi, la branche européenne de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète de l’émergence d’une véritable « épidémie » d’obésité en Europe ces dernières années.
Selon les dernières données de l’OMS qui remontent à 2016, 59 % des adultes européens sont en surpoids (IMC supérieur à 25) dont 23 % qui souffrent d’obésité (IMC supérieur à 30). Si les hommes sont plus nombreux à être en surpoids, on recense plus de femmes obèses (24 %) que d’hommes (22 %). Le surpoids progresse également chez les enfants : un tiers des mineurs et 8 % des enfants de moins de 5 ans sont en surpoids.
La situation s’est drastiquement aggravée ces dernières années, puisque seulement 40 % des Européens étaient en surpoids en 1975. Depuis, la prévalence de l’obésité chez les adultes a augmenté de 138 % dont 21 % entre 2006 et 2016. « Les taux de surcharge pondérale et d’obésité ont atteint des proportions épidémiques dans toute la région et continuent de progresser » résume l’instance onusienne.
Où l’on reparle de la Covid-19
L’épidémie de Covid-19 a été à la fois un facteur aggravant et un révélateur de la crise de l’obésité en Europe. Les confinements à répétition ont en effet poussé les Européens à réduire leur activité physique et ont bouleversé leurs habitudes alimentaires. Par ailleurs, le surpoids est un facteur de risque important de développer une forme grave de la Covid-19 : lors du premier confinement, on comptait deux fois plus d’obèses dans les services de réanimation que dans la population française.
Dans son rapport, l’OMS rappelle que « l’augmentation de l’indice de masse corporelle est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles, notamment les cancers et les maladies cardiovasculaires ». L’obésité favorise 13 types de cancer différents (cancer du pancréas, du foie, du rein…) et l’OMS estime que le surpoids est responsable de 200 000 cas de cancer par an en Europe. Au total, l’obésité serait responsable de plus de 1,2 millions de morts par an sur le Vieux Continent.
Si l’OMS tire la sonnette d’alarme, c’est parce que la prévalence de l’obésité progresse partout en Europe et qu’aucun pays européen n’est en passe d’atteindre l’objectif fixé par l’instance onusienne de contenir la progression de la maladie d’ici 2025. L’OMS appelle donc les États à prendre des mesures énergiques pour inverser la tendance. Le rapport propose notamment aux responsables politiques de taxer davantage les produits sucrés, de subventionner les aliments « bons pour la santé », d’interdire la commercialisation des produits les plus néfastes aux enfants et enfin de promouvoir l’activité physique tout au long de la vie. « Nous pouvons encore changer la trajectoire de l’épidémie d’obésité dans la région » conclut l’OMS optimiste.
Nicolas Barbet