L’implantation d’un sphincter artificiel fait désormais partie intégrante du paysage thérapeutique de l’incontinence anale. Cependant, elle reste l’apanage de certaines équipes spécialisées, non seulement en raison des indications peu nombreuses, mais aussi en raison des multiples problèmes spécifiques qui peuvent émailler le suivi postopératoire, notamment tardif.
Ainsi, l’équipe des Diaconesses à Paris a repris ses résultats chez 7 patientes âgées en moyenne de 55 ans, ayant été implantées pour une incontinence persistante malgré plusieurs tentatives préalables de correction chirurgicale.
L’efficacité du sphincter artificiel a été précoce et durable chez la plupart des patientes (figure). Toutefois, des soucis techniques sont survenus, notamment au niveau de la manchette qui est l’élément le plus fragile du dispositif.
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Évolution des patients après implantation d’un sphincter anal artificiel (SAA) (Atienza P et coll.). |
En bref, les chirurgies proctologiques préalables ne semblent altérer ni la mise en place, ni l’efficacité d’un sphincter artificiel de l’anus. Cependant, une amélioration technologique de la prothèse actuellement disponible serait souhaitable car le « service après vente » de ces patients est parfois tumultueux.
De son côté, l’équipe de l’Hôpital Charles-Nicolle à Rouen s’est intéressée à l’épineux problème du transit intestinal de ces patients implantés. Ils ont ainsi repris leur impressionnante série et évalué 44 patients (70 % de femmes).
Les chiffres sont édifiants : 16 patients se plaignaient de difficultés de la vidange rectale, avec notamment des fécalomes à répétition, et 9 patients avaient une constipation nécessitant une prise quotidienne de laxatifs. Ces troubles sont notamment survenus en cas d’antécédents de troubles neurologiques, d’imperforation anale ou d’anisme. Pour ne rien arranger, l’incontinence anale après implantation était significativement plus fréquente chez les patients ayant des difficultés de la vidange rectale et/ou une constipation, que chez ceux à transit normal.
En bref, les facteurs prédisposant à ces troubles du transit sont suffisamment préoccupants pour que leur existence puisse amener à contre-indiquer l’implantation d’un sphincter anal artificiel.
Drs V.de Parades et J.-D.Zeitoun