Le carcinome hépatocellulaire : une histoire de famille !

Des « agrégats familiaux » de carcinomes hépatocellulaires (CHC) ont été fréquemment rapportés dans les pays de l'Est Asiatique, où l'infection par le virus de l'hépatite B est fréquente.

Cependant les relations entre une histoire familiale de cancers hépatiques et la survenue d'un CHC sont moins bien connues dans les pays de l'Ouest.

Cette équipe italienne a réalisé une étude cas-contrôle dans laquelle 229 patients atteints de CHC ont été appariés à 431 contrôles hospitalisés.

Les données concernant l'histoire familiale ont été résumées à l'aide d'un indicateur binaire (oui/non), et un score d'histoire familiale (FHscore), prenant en considération les caractéristiques familiales sélectionnées.

L'estimation du risque associé à une histoire familiale, exprimée en odds ratio (ORs) a été réalisée par un modèle de régression logistique multiple prenant en compte l'âge, le sexe, le centre hospitalier de prise en charge, le niveau d'éducation, le tabagisme, la consommation d'alcool, la présence d'un antigène HBs et ou une positivité de la sérologie hépatite C.

Les auteurs ont également réalisé une méta-analyse sur les études publiées jusqu'en avril 2011 ayant évalué la relation entre histoire familiale et survenue d'un CHC, en utilisant un modèle à effet aléatoire (c'est-à-dire permettant de prendre en compte l'hétérogénéité entre les études).

Après ajustement sur la présence d'une infection par le VHB ou le VHC, une histoire familiale de cancer hépatique a été associée de façon significative avec le risque de survenue d'un CHC, aussi bien en utilisant l'indicateur binaire (OR, 2,38; intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 1,01-5,58) que le FHscore, avec une augmentation de ce ratio en fonction des catégories de score successives (1, 1,89 et 4,91 pour un FHscore minime pris comme référence, faible ou intermédiaire et élevé respectivement).

Comparativement aux sujets sans histoire familiale et sans infection virale chronique B ou C, le risque relatif pour les sujets exposés simultanément aux deux facteurs de risque était de 72,48 (IC95 : 21,92-239,73).

Il est intéressant de noter que l’augmentation de risque de CHC n’était pas retrouvée en cas d’antécédent familial de cancer d’une autre localisation.

La méta-analyse, basée sur neuf études cas-contrôle et quatre études de cohorte, incluant un total de 3 600 cancers hépatiques, donnait un risque relatif de survenue d'un CHC en cas d'histoire familiale de cancer hépatique de 2,50 (IC95, 2,06-3,03).

Cette étude montre donc qu'une histoire familiale de cancer hépatique augmente le risque de survenue d'un CHC, indépendamment de la présence une hépatite virale.

La combinaison d'une histoire familiale et d'une infection virale majore de façon considérable le risque de survenue d'un CHC.

Pr Marc Bardou

Référence
Turati F et coll. : Family history of liver cancer and hepatocellular carcinoma. Hepathology 2012; 55: 1416-1425

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