La fin de l’année 2015 et toute l’année 2016 ont été marquées par la publication de très nombreux articles sur l’épidémie d’infections par le virus Zika. Cette arbovirose signalée pour la première fois au Brésil tire toute sa gravité des dangers qu’elle fait courir aux femmes enceintes avec le risque de malformations importantes, notamment cérébrales chez le fœtus (microcéphalie). Mais elle peut également être responsable de complications neurologiques graves (Guillain Barré). La France n’échappe pas à ce virus « émergent » avec de nombreux cas aux Antilles, en Guyane et en Polynésie française mais aussi en métropole : 879 cas d’infection à virus Zika ont ainsi été confirmés entre janvier et septembre 2016, chez des personnes de retour des zones endémiques. De plus, le moustique tigre est présent dans 30 départements.
Une éruption maculopapuleuse fébrile
Le dermatologue peut être amené à suspecter le diagnostic car l’infection se manifeste dans 90 % des cas par une éruption maculeuse avec des petites papules apparaissant 12 jours après une piqure par un moustique infecté et évoluant de manière descendante des membres supérieurs et visage au tronc et aux membres inférieurs, avec ou peu de prurit, parfois une desquamation, des œdèmes distaux et souvent une fièvre (80 % des cas) et des adénopathies.
Les signes accompagnateurs sont des arthralgies ou myalgies (65 %) parfois persistantes, une conjonctivite non purulente (55 %), une fatigue, des céphalées, des douleurs rétro orbitaires.
Même dans un contexte évocateur (retour de voyage), le diagnostic est difficile, l’aspect étant également semblable à celui d’une dengue ou d’une infection par le chikungunya. A la phase aiguë, le diagnostic se fait par RT-PCR dans le sang et les urines et plus tard par la recherche d’anticorps spécifiques IgM et IgG sachant que la positivité peut être retardée jusqu’au 20e jour. Il n’y a pas de traitement spécifique. La maladie est résolutive spontanément en 4 à 7 jours.
Qui est aussi une MST
Outre un diagnostic différentiel supplémentaire pour les éruptions maculopapuleuses fébriles, le Zika représente aussi pour le dermatologue la nécessité de participer aux mesures de prévention : recommander aux femmes enceintes de différer leur séjour en zone d’endémie, ainsi que des rapports protégés pour les hommes infectés, la possibilité d’une transmission sexuelle ayant été confirmée ainsi que la persistance du virus dans le sperme pendant plusieurs mois (pas de conception avant 6 mois. Une observation sur poster illustrent cette problématique : le cas d’une femme de 24 ans présentant un exanthème fébrile avec œdèmes douloureux distaux apparus après des rapports non protégés avec son compagnon de retour d’un voyage aux Antilles.
Enfin, un autre poster signale le déclenchement d’un rhumatisme psoriasique à la faveur d’une infection par le virus Zika, chez un patient de 39 ans présentant des antécédents de psoriasis vulgaire. Le dermatologue est décidément bien concerné !
Dr Marie-Line Barbet