
Le traitement des pigmentations endogènes et exogènes est la chasse gardée des lasers Q-switched. Mais bien que performants, ceux-ci ont leurs limites : nécessité de nombreuses séances, difficulté voire impossibilité de traiter certaines lésions. De nombreuses stratégies ont été proposées pour pallier ces manques : association au laser fractionné ablatif, utilisation de lasers long pulse (pour les phototypes foncés) voire de lasers fractionnés non ablatifs. Une nouvelle option prometteuse est représentée par les lasers Q switched émettant sur des durées d’impulsion très courtes de l’ordre de la picoseconde (0,75, contre entre 5 et 100 nanosecondes pour les lasers déclenchés «classiques »). Mieux tolérés et pouvant traiter des cibles plus petites, ils semblent intéressants surtout pour les tatouages et les anomalies pigmentaires « résistants » du fait de particules pigmentaires trop petites et pour faire un détatouage « rapide », la meilleure tolérance permettant de réduire l’espacement des séances.
L’engouement actuel pour les tatouages et le fait que nombre de ces tatouages sont ensuite reniés avec le désir de les faire disparaître font que le détatouage au Laser est une pratique en plein essor. Le principe repose sur la photothermolyse : le tir laser entraîne l’augmentation rapide et importante de la chaleur au niveau de la particule pigmentaire cible qui induit une onde de choc aboutissant à la fragmentation du pigment.
Le détatouage n’est pas une entreprise facile ; la durée du traitement et les résultats dépendent du type de tatouage, de la couleur de la peau, de l’expérience du lasériste qui devra savoir combiner les techniques et gérer le risque cicatriciel. Plusieurs séances (avec augmentation des fluences de l’une à l’autre pour atteindre les pigments les plus profonds) sont nécessaires en règle espacées de deux mois. Les tatouages amateurs superficiels peuvent requérir moins de séances. C’est l’inverse pour les tatouages profonds dont le traitement laisse tout de même parfois persister des pigments séquellaires. Les tatouages professionnels avec des pigments carbonés peuvent nécessiter 5 à 10 passages. Certaines couleurs (vert, bleu roi) sont plus résistantes notamment aux lasers Yag mais peuvent être traitées par le Laser Alexandrite. Comme il a été dit, la couleur de la peau intervient aussi avec pour les peaux noires l’utilisation préférentielle d’une longueur d’onde de 1 064 nm qui interfère moins avec la mélanine. En tout état de cause, faire disparaître certains tatouages professionnels intenses peut relever de la gageure et si l’on n’obtient qu’un estompage très léger sur une zone test, il faut parfois renoncer…
Ainsi, malgré la sophistication des lasers dont on dispose, le détatouge reste un « processus » long et hasardeux sans oublier la charge financière élevée que représente cette intervention pour les patients.
Dr Marie-Line Barbet